Sujet – L’historien et les mémoires du génocide juif

LE LIEN VERS LES SUJETS DE TOUTES LES SÉRIES

Consigne : montrez que les documents témoignent de l’évolution des mémoires du génocide juif en France. En vous appuyant sur le document 1, vous expliquerez le lien entre cette évolution et celle de la recherche historique.

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Le sujet, de facture classique, se rapporte à la première leçon vue en début d’année et qui ouvre le programme d’histoire « l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale ». Les documents ne sont pas compliqués à comprendre, les points à aborder font appel à des connaissances que tout élève de Terminale ES/L doit retenir de son cours.

L’introduction peut s’appuyer sur la présentation des documents, ici au nombre de deux. Le premier est l’extrait d’une interview de l’historienne Annette Wieviorka publiée dans le Nouvel Observateur en janvier 2005. L’intérêt de cette interview est d’expliquer pourquoi et comment la mémoire juive de  la guerre a évolué. Le second document est une photo montrant Simone Veil et Jacques Chirac, prise le 27 janvier 2005, extraite du site du journal quotidien Les Echos où elle a été publiée le 30 juin 2017. Cette photo a été intégrée dans un reportage en ligne intitulé : « Simone Veil : son parcours en photos » proposé par V. Mazuir et E. Beyeklian. Le contexte de ces deux documents est double : la date du 30 juin 2017 correspond au décès de Simone Veil, mentionnée dans le document 1 et présente sur la photo tandis que, plus largement, les deux documents correspondent aux temps de commémorations de la libération du camp d’Auschwitz le 27 janvier 1945, comme l’indique la première phrase du document 1. En effet, l’arrière-plan de la photo indique qu’elle a  été prise sur le site d’Auschwitz I en Pologne : nous reconnaissons le portail et son inscription « Arbeit macht frei » (le travail rend libre) ; Simone Veil a été déportée dans ce camps. L’intérêt croisé des deux documents est de nous montrer l’évolution de la mémoire juive en France depuis 1945.

Un plan en deux parties peut être proposé, essentiellement basé, comme l’invite l’énoncé du sujet, sur le contenu du document 1

Le plan étant indiqué dans l’énoncé du sujet :

Montrez que les documents témoignent de l’évolution des mémoires du génocide juif en France. En vous appuyant sur le document 1, vous expliquerez le lien entre cette évolution et celle de la recherche historique.

  1. L’évolution des mémoires du génocide juif en France ….
  • Le silence d’après guerre

Les grandes étapes de cette évolution sont retracées par Annette Wieviorka qui explique ligne 32 à 35 « Sur le silence des juifs dans les années d’après-guerre, deux points de vue s’opposent […] c’est qu’on ne voulait pas l’entendre ». Ligne 23-24 « dans l’après-guerre, la communauté juive elle-même ne met pas l’accent sur les temps de la persécution et de l’extermination » avant d’expliquer que l’urgence pour eux est de se réintégrer à la société et récupérer leurs biens. Ligne 38 à 41 : « Mais il est vrai aussi que les juifs de 1945 souhaitent majoritairement s’intégrer à nouveau à la France républicaine, une France qu’ils ne mettent pas en accusation. Le silence sur la persécution est donc largement consensuel »

A cela l’historienne apporte d’autres éléments d’explication dans le premier

paragraphe.

  • Puis Annette Wieviorka évoque lignes 26 à 28 : « le choc du procès Eichmann qui se propage et va gagner la France. L’action de Serge Klarsfeld est ici décisive, mais le temps rend aussi les choses audibles » le candidat expliquera à l’aide de ses connaissances issues du cours l’importance du procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961 et présentera l’action du couple Klarsfeld, chasseurs de nazis qui a lutté pour Le jugement des criminels nazis et contre l’antisémitisme. En complément, le candidat peut également rappeler l’importance de la guerre des 6 jours et l’émergence du négationnisme dans le réveil de la mémoire juive dans les années 60-70.

Ligne 28-29 : « la mémoire d’Auschwitz, portée par des acteurs juifs pénètre dans l’espace public à la fin des années » : là il peut s’agir de Marcel Ophuls, Claude Lanzmann en plus de Serge Klarsfeld.

  • La photo proposée en second document montre Chirac et Simone Veil : le candidat peut ici rappeler brièvement l’importance de la reconnaissance du poids et du rôle de l’Etat dans la déportation des juifs de France. Le candidat peut donc mentionner le discours de Chirac au Vel d’hiv’ le 16 juillet 1995 qui a constitué une rupture. La loi Gayssot, votée en juillet 1990

 

  1. … est à rattacher à celle de la recherche historique
  • Lignes 18 à 20 : « les rares travaux historiques menés jusque là, grâce à la masse de documents rendus publics au moment de Nuremberg ont eu peu d’échos». Elle évoque ici le procès de Nuremberg qui s’est tenu de novembre 1945 à octobre 1946 et qui a jugé 24 dignitaires du Troisième Reich. Parmi les rares travaux publiés on peut citer ceux de Léon Poliakov le bréviaire de la haine, paru en 1951.
  • Le tournant : Ligne 30 : allusion à Robert Paxton qui publie en 1973 la France de Vichy. Il est attendu du candidat qu’il explique qui est Robert Paxton et quel a été l’apport de cette étude. Le candidat peut poursuivre la réflexion en évoquant les travaux des historiens qui se sont multipliés par la suite et qui ont été vus en cours (Denis Pechansky, Henry Rousso, François Bedarida, Tal Bruttmann ….)
  • La recherche se poursuit : Ligne 4-5 : « Et les historiens ne cessent d’interroger documents et témoins pour tenter de comprendre l’inconcevable». Le candidat pourra commenter cette phrase en rappelant par exemple la découverte du statut des juifs annoté par Pétain en 2010.

Conclusion : une ouverture peut être faite sur l’évolution des autres mémoires de la guerre comme par exemple celles de la Résistance et de la collaboration.