Cette proposition de séquence se propose d’aborder le thème des Sociétés et cultures urbaines à partir de l’exemple de Mantes et de sa charte communale, une des plus anciennes du royaume de France.

Le nom de Mantes (Medanta en latin) apparaît pour la 1e fois vers 820 dans le Polyptique de l’abbé Irminon (inventaire des biens de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés de Paris) : Mantes est le lieu de résidence de « colons » (paysans dépendants) du prieuré de Secqueval (dominant au N le village de Guerville). Mais c’est probablement la paroisse de Mantes la Ville, autour de l’église Saint-Étienne. Les premiers documents fiables sur Mantes la Jolie datent de 1074-1076 : Simon, comte du Vexin, abandonne ses droits de transit fluvial sur Mantes à l’abbaye normande du Bec-Hellouin et concède à l’abbaye de Cluny ND de Mantes et les bénéfices qui y sont attachés, et Raoul de Mauvoisin, vicomte de Mantes, concède le droit de port à l’abbaye de Cluny. Un acte de 1006, connu seulement par une copie de 1384 (cartulaire de l’abbaye de Jumièges) mentionnent des droits de passage sur la Seine et un château. On a aussi un acte original du comte du Vexin Gauthier II, dans ces années, évoquant « notre château, qu’on appelle ordinairement Medanta ». Bref, vers l’an Mil, Mantes la Jolie constituait un bourg, avec au moins une collégiale et un château, lieu d’exercice du pouvoir des comtes du Vexin.

Mantes doit son essor à un « effet frontière » après les invasions normandes du IXe et la réorganisation sur un nouvel axe NS Magny-en-Vexin/Mantes/Houdan, avec le port de Mantes dynamique au passage de la Seine. La localisation de cette frontière (rattachement de la Normandie, créée par le traité de Saint- Clair-sur-Epte en 911, au royaume de France par Philippe Auguste en 1204) correspondait au point ultime où les Normands purent séjourner et au point d’équilibre entre Paris et Rouen, où la guilde des marchands de l’eau de Paris passait le relais à la vicomté de l’eau de Rouen, tout cela donc au profit de Vernon et Mantes. Avantage à Mantes car les Capétiens augmentent leur pouvoir au XIIe (quand les Normands s’attachent à dominer l’Angleterre) et en fond une place stratégique (cf. aussi la ligne de défense de châteaux-forts sur les deux rives de l’Epte) en la plaçant sous leur domination directe. En 1077, le roi Philippe Ier s’empare des biens de Simon de Crépy, dernier comte du Vexin, et dote Mantes d’un atelier monétaire. En 1110 Louis VI (fils de Philippe Ier) octroie une charte de commune (la plus ancienne du domaine royal) à Mantes, pour favoriser le commerce et la défense : les « bourgeois » deviennent responsables de la défense de Mantes en échange de « libertés ». Philippe Auguste fait de Mantes, où il meurt en 1223, sa base de reconquête de la Normandie.

L’essor de Mantes est aussi une question d’honneur pour les Capétiens, face aux ducs de Normandie, théoriquement vassaux, qui veulent faire de Rouen une capitale surpassant Paris. Par exemple en 1145 débute la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Rouen. La collégiale de Mantes est commencée vers 1150, date où, pour la première fois, un membre de la famille royale est abbé de Mantes : Henri fils de Louis VI et frère du roi Louis VII (et futur archevêque de Reims). Puis l’abbé est Philippe Auguste jusqu’en 1196. Vers 1165 Rouen est doté d’un nouveau pont de pierre : en 1172 Louis VII fait rebâtir le pont de pierre de Mantes. Louis VII confirme la charte communale en 1150, en étend les privilèges en 1163. En 1196-1197, Philippe Auguste octroie la moitié d’un moulin sur le pont de Mantes à l’Hôtel-Dieu, puis en 1201-1202 à perpétuité le droit de hanse par terre et par eau à la ville + la prévôté au maire et à la commune moyennant une rente de 1100 livres parisis + en 1212 le monopole du commerce du vin sur Mantes aux habitants de Mantes et il crée un collège près de la porte du pont.

On trouvera de nombreux plans et des représentations anciennes de Mantes sur ce site.

Laurent Gayme © Clionautes

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