Cette proposition de séance s’attache à étudier la chrétienté médiévale du XIe au XIIIe siècle à partir de deux donations (séance 1) et de l’exemple de la collégiale de Mantes (séance 2), et particulièrement, pour les croyances de deux des trois tympans du portail et de la rose occidentale, qui est une représentation du Jugement dernier.
La collégiale actuelle fut édifiée à partir de 1150 environ, à l’intérieur du castrum et non du bourg, donc très liée au château. On ne sait pas qui est le commanditaire, on hésite entre deux abbés de Notre-Dame de Mantes, tous deux frères du roi Louis VII : Henri (1134-1145) futur archevêque de Reims, et Philippe (1145-1159) futur archidiacre de Paris. Elle est contemporaine de l’abbatiale de Saint-Denis (abbé Suger) consacrée en 1140 ou de la cathédrale de Senlis (évêque Thibaut). Le chantier de Mantes a commencé par la façade occidentale, selon le schéma élaboré avant 1140 par Suger.
Les portails présentent de grands liens stylistiques avec Senlis : probablement des sculpteurs identiques sur les deux chantiers. Le meilleur a sculpté le portail central de Mantes, l’autre celui de gauche. Le portail de gauche est consacré à La Résurrection du Christ au linteau, et à la Seconde Parousie qu’entourent 8 prophètes à la voussure unique. Le portail central développe le thème du Couronnement de la Vierge, repris de Senlis et modifié. Au linteau s’enchaînent La Dormition de la Vierge, La Remise par Saint Michel au Christ de l’Âme de sa mère, L’Assomption. Au tympan, la Vierge bénie par son fils attend la couronne que lui apporte un ange. Au- dessus, les clefs des voussures évoquent la Trinité : le Fils figuré par la Croix, le Père et le Saint-Esprit. Les autres voussoirs illustrent les ancêtres du Christ (patriarches, prophètes).
La rose occidentale a été posée sans doute vers 1210, lors de la construction de l’étage supérieur de la façade occidentale. Le choix du Jugement dernier n’est pas original, c’est l’un des 3 grands thèmes à l’honneur dès le XIIe aux tympans sculptés des portails romans, et le sujet des roses occidentales de Laon et Chartres. La rose de Mantes est un jalon entre le style 1200 (vitraux du chevet de Laon par ex.) et l’art parisien du siècle de Saint Louis (la Sainte Chapelle). Elle mêle à des éléments antiquisant une coloration et une gestuelle propres au 2e quart du XIIIe, alors que sa structure et ses dimensions incitent à la dater entre 1210-1220, quelques années avant celle de ND de Paris.
Pour le début de la seconde séance, on trouvera de nombreuses représentations anciennes de Mantes sur ce site, en particulier celles de 1575, du XVIe et du XVIIe (Merian – Peeters).
Les sources des schémas de la rose sont indiquées dans le cours.
Le plan de la collégiale est issu d’une brochure disponible dans la collégiale.
Les photos des tympans et de la rose ont été prises par moi et sont libres de droits. J’ai un fichier plus volumineux de la rose.
Source de la photo de la façade de la collégiale
Laurent Gayme
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