Formes de conflits et tentatives de paix dans le monde actuel. Ce cours introductif prend appui sur la programmation annuelle que vous trouverez ici :

Programmation annuelle Terminale – 2020-2021

 

Mon idée centrale est de finir par ce thème, avant les examens de Mars, afin d’avoir le plus de synergie possible avec le programme du tronc commun.

Les 3 thèmes précédents ont en outre été aussi l’occasion d’introduire des questions de conflictualité donc je compte bien m’appuyer sur les acquis pour gagner du temps. Il en est de même avec les acquis de Première, pour les thèmes sur les frontières ou la puissance par exemple.

Rappels du BO :

« L’étude de ce thème a un double objectif : comprendre les logiques des affrontements armés ; étudier les modalités de construction de la paix.

Introduction : Formes de conflits et tentatives de paix dans le monde actuel

– Panorama des conflits armés actuels

– Essai d’une typologie : nature des conflits, acteurs et modes de résolution ».

Objectifs

Mener de front ce thème et le nécessaire travail de révision et de préparation dans la perspective des examens à venir. La partie orale sera donc moins importante pour privilégier l’efficacité et les épreuves écrites.

Notions / Vocabulaire spécifique

– À maîtriser sous forme d’une rapide définition avec des auteurs / exemples précis :

Conflit, conflit interétatique / intraétatique, guerre, paix, ennemi, terrorisme, guerre asymétrique

Capacités/Méthodes travaillées

  • Analyser, interroger, adopter une démarche réflexive : remobilisation à travers de petits exercices en classe basée sur l’exploitation des ressources du manuel.
  • Se documenter : cette introduction permet de proposer quelques recherches annexes et j’insisterai particulièrement sur la nécessité de travailler à partir des livres et revues PUIS d’internet.
  • Travailler de manière autonome : ceci sera proposé à travers des élargissements entremise de ressources disponibles dans l’espace Pearltrees.

Durée

3-4h. Tout dépend en réalité du temps disponible à ce moment de l’année et de la nécessité de boucler le programme. Si besoin ce cours peut être réduit et se muer en activités à la maison.

 

Travail préparatoire

Travail de vocabulaire en amont, tous les mots doivent, être définis en guise de travail préparatoire. La question étymologique du mot guerre sera approfondie dans l’Axe 1 en introduction.

 

Démarche activité élève

Travail seul ou en binôme sur des corpus documentaires, des textes et analyse de vidéos.

 

Évaluation

Rien n’est attendu pour ce cours introductif servant à poser les bases pour la suite.

 

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Scénario

H1  – Introduction : qu’est-ce que la guerre au début du XXIe siècle ?

H1-2 – I – Des conflits, des guerres et la paix

II – Activité 2 – Analyse de ressources annexes en autonomie

H3 – III – Activité 3 – Qui est l’ennemi ?

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Les Clionautes multi-écran

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 Introduction : qu’est-ce que la guerre au début du XXIe siècle ?

Cette introduction me sert à poser les bases de la suite du cours, et notamment de préparer le terrain pour l’OTC. Les ressources utilisées mobilisent des faits et des concepts qui ont déjà été abordés par les élèves, que ce soit dans les cours d’histoire-géographie ou dans la spécialité en classe de Première. Je fais le choix de rester totalement ancré dans l’actualité donc pas de temps long pour le moment.

En fonction de la situation sanitaire ces trois ressources sont laissées à disposition des élèves sur Pearltrees, pouvant dès lors être utilisées dans le cadre d’un travail donné à faire à la maison.

  • e Activité : pour chacun de ces documents donner une définition du mot guerre et du mot conflit. Préciser quels sont les acteurs concernés. Quels sont les mécanismes de violence envisagés, mais aussi quelles sont les solutions de résolution de conflits, de paix ?

 

Document 1 : article « Guerre, stratégie, puissance », Par Pierre HASSNER

https://www.diploweb.com/Guerre-strategie-puissance.html

=> ce texte permet de définir la fois le terme de guerre dans un contexte contemporain, tout en le mettant en perspective avec la notion de puissance vue en classe de Première. Il permet en outre de poser la question des différents acteurs, les états, mais aussi de l’ONU dans le cadre d’une volonté de rechercher la paix. Pour une définition plus précise de la guerre j’attends véritablement l’Axe 1 qui va permettre d’explorer des pistes plus complexes pour questionner la nécessaire nuance, même si dès le II à suivre je propose un regard d’intellectuels/philosophes.

Document 2 : Pascal Boniface – Quelles guerres dans les années 2020 ? – Les Experts du Dessous des cartes – ARTE

=> cette vidéo de Pascal Boniface est très efficace pour définir les enjeux actuels autour de la guerre, conflit. L’avantage de ce format qu’il repose sur des questions, précise, ce qui peut permettre aux élèves de mieux préparer leur petite synthèse.

Document 3 : Syrie : dix ans de guerre – Le Dessous des cartes | ARTE

=> cette seconde vidéo permet de mettre un focus sur la situation en Syrie. Dans ce sens il s’agit d’une excellente introduction à l’OTC. Tout au long de mes différents thèmes, j’apprécie de pouvoir introduire l’OTC très tôt dans le cours, ce qui permet les allers-retours fructueux.

 

Problématique : quels sont les formes et acteurs des guerres actuelles ?

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I – Des conflits, des guerres et la paix

  • e Activité : Exploitation intégrale du dossier proposé par le manuel Nathan. Ce travail se fait par groupes avec reprise à l’oral. Il n’y a aucune difficulté majeure, simplement l’envie de gagner du temps et de mettre en avant les ressources offertes par le manuel. Dans tous les manuels de ressources sont efficaces et il n’est pas question de s’en priver.

La trace écrite repose sur les réponses rédigées par les élèves. La correction se fait bien entendue en classe.

 

II – Activité 2 – Analyse de ressources annexes en autonomie / avec un collègue de Philosophie

Je propose ici deux scénarios et une activité complémentaire pour les plus curieux. Mon idée est d’ancrer les réflexions sur la guerre dans le temps long, afin d’insister sur le fait que les guerres actuelles (car il s’agit bien de coller à l’actualité pour rester dans les limites des formes de conflits et tentatives de paix dans le monde actuel), les réflexions qui gravitent autour d’elle, sont le fruit d’une longue genèse. Pour le travail plus conceptuel et étymologique j’attends l’Axe 1.

  • e Activité – Scénario numéro 1 : travail avec le collègue de philosophie à partir de l’étude de quelques extraits d’intellectuels triés sur le volet. Pour chacun, la lecture est suivie d’une discussion, avec les élèves et le collègue de philosophie. Je précise ici quelques idées qui peuvent servir de base à une réflexion personnelle. Nature de la guerre, dimension morale, condamnation et recherche de paix, son intégration dans le champ politique, ce sont autant de thématiques abordées brièvement ici.

La guerre, un concept familier et qui pourtant pose question chez les intellectuels.

 

Guerre, de tout est père et de tout est roi ; les uns elle les désigne comme dieux, les autres comme homme ; des un elle fait des esclaves, des autres, des hommes libres.

Héraclite, fragments

=> le terme qui est employé ici dérive du mot polemos, qui s’intéresse au combat contre l’autre, dans une définition positive. Il s’oppose à un autre terme, la stasis, la discorde, qui représente la lutte fratricide. Le terme de polemos est une épreuve positive qui permet de traverser l’histoire, inscrite dans les mémoires, permettant de faire valoir son excellence, son aristeia. La crainte chez les Grecs est que polemos  dérive petit à petit en stasis ce qui consume alors la société, comme dans le Guerre du Péloponnèse. Il y a donc mettre en avant une lecture positive de la guerre, mais aussi la nécessité de s’en méfier et de viser la paix pour éviter l’autodestruction.

Vous devez donc savoir qu’il y a deux manières de combattre : l’une avec les lois, l’autre avec la force ; la première est propre à l’homme, la seconde est celle des bêtes ; mais comme la première, très souvent, ne suffit pas, il convient de recourir à la seconde. Aussi est-il nécessaire à un Prince de savoir bien user de la bête et de l’homme.

Machiavel, Le prince, XVIII

=> le fait de faire la guerre est mis sur le même plan que celui de faire des lois pour organiser la société. De façon totalement claire chez Machiavel la guerre est intégrée l’action politique dans ses usages.

 

La guerre, qui est la chose la plus dangereuse au monde, ne doit être entreprise qu’avec le consentement de toute la nation. Il faut sans tarder supprimer les causes de la guerre. Il faut dans certains cas savoir fermer les yeux : la complaisance invitera à la complaisance. Il arrive parfois qu’il faille acheter la paix. Quand tu auras fait le calcul en mettant en balance les pertes que la guerre occasionne et le nombre de citoyens qui sans elles auront été sauvés de la mort, elle paraîtra acheter à bon marché, quelque soit le prix dont on la payée.

Érasme, La complainte de la paix[1]

=> critique de la guerre, nécessité de la paix, obligation de négocier, autant d’aspects que l’on retrouvera dans l’Axe 2.

La guerre est une relation d’État à État dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement, non point comme homme, ni même comme citoyen, mais comme soldat.

Rousseau, Du contrat social

=> de façon tout à fait limpide, avant Clausewitz et dans la droite ligne de Machiavel, la guerre est ici fondamentalement un acte politique.

Guerriers, mes frères, je vous aime du fond du coeur. Je suis pareil à vous, je l’ai toujours été. Et je suis aussi votre meilleur ennemi. Laissez-moi donc vous dire la vérité. Je connais la haine et l’envie qui vivent dans vos coeurs. Vous n’avez pas assez de grandeur d’âme pour ignorer la haine et l’envie. Ayez donc la grandeur de n’en avoir point honte. Et si vous ne pouvez être les saints de la Connaissance, soyez-en du moins les guerriers. Les guerriers de la Connaissance, ce sont les compagnons et les précurseurs de cette sainteté.

   Je vois beaucoup de soldats: je voudrais voir beaucoup de guerriers. Ce qu’ils portent s’appelle un  » uniforme « . Que du moins ne soit pas  » uniforme  » ce qu’ils cachent là-dessous.    Je veux que vous soyez de ceux dont le regard est toujours en quête d’un adversaire – de votre adversaire. Et chez quelques-uns d’entre vous existe la haine au premier regard. Cherchez-vous un ennemi, faites votre guerre, battez-vous pour vos pensées. Et si votre pensée succombe, que votre probité chante victoire néanmoins.

   Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, De la Guerre et des Guerriers, t.1, p. 123, éd. Aubier-Flammarion.

=> L’approche est ici plus ambiguë car il s’agit de mettre en avant, chez le philosophe non point la guerre en elle-même, mais plutôt le personnage du guerrier confronté à l’instant décisif, en l’occurrence ici celui de la bataille. On se rapproche d’une certaine façon une forme d’esthétisation de la guerre, qui se retrouve chez certains auteurs ou dans des films, pour avoir un regard plus récent, largement contrebalancée d’ailleurs par ceux qui mettent en avant le caractère cruel et destructeur pour les acteurs et victimes de ce moment. On pourra faire le parallèle entre d’un côté le discours de Ernst Jünger (La guerre, notre mère, 1934) et est celui de Barbusse (Le feu, 1916).

  • e Activité – Scénario numéro 2 : fiche de lecture d’un article complexe de Adrien Schu, Définir la guerre : le problème de la discontinuité de la violence

https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2017-4-page-83.htm?contenu=article

Le texte très intéressant car il pose une bonne partie des problématiques que nous allons rencontrer, mais il n’est pas simple d’accès. Je laisse donc à chacun le soin de voir s’il est en adéquation avec le niveau de la classe.

Élargissement : un été avec Homère et la guerre

https://www.franceinter.fr/emissions/un-ete-avec-homere/un-ete-avec-homere-23-fevrier-2020

Quand on peut caser Homère, on case Homère.

 

III – Activité 3 – Qui est l’ennemi ?

Formes de conflits et tentatives de paix dans le monde actuel pose aussi la question de l’adversité. Cette approche renvoie aux réflexions organisées dans le cadre des VIe Assises de la recherche stratégique qui ont eu en 2015, dans le cadre particulier des attaques terroristes ayant touchées la France et, de façon plus générale, l’Occident.

  • e Activité – Je propose deux vidéos. La première est tirée du MOOC question stratégique organisé par le CRFRS en 2016. Elle a l’avantage de proposer différentes questions, posées par Éric Danon[2],  permettant à des acteurs de divers horizons de brosser les problématiques actuelles autour de la guerre et du terrorisme. La seconde reprend petit peu la même thématique, mais avec un seul intervenant, Pierre Conesa[3].

Qui est l’ennemi ? Leçon inaugurale, Éric Danon

Au choix l’une des 2 vidéos est étudiée avec les élèves et ces derniers doivent rédiger une synthèse finale. Tout dépendra donc des réponses des élèves et je n’attends pas une correction modèle, mais je désire qu’ils se posent des questions, ce qui permettra d’autant plus d’être efficace dans les études à venir.

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Conclusion

Nommer la guerre c’est faire de la politique

https://blogs.mediapart.fr/boie-bernhild/blog/201115/nous-sommes-en-guerre-francoois-hollande

Le choix d’utiliser le mot « guerre » dans le cadre du terrorisme, mais aussi dans le cadre du Coronavirus, consiste à souligner le caractère exceptionnel d’une situation, en mesurer sa gravité. Le recours à l’armée reste exceptionnel, surtout dans des démocraties habituées à la paix, même si l’actualité en offre malheureusement l’occasion.

Pour nommer les actes terroristes on a souvent employé les termes de barbares, de criminels, comme si on voulait décrédibiliser leur combat. On retrouve cette approche lorsque, durant la seconde guerre mondiale, les Allemands parlaient de terroristes là où d’autres, les combattants de la liberté, voyaient des actes de résistance. Le terme de guerre n’est pas de ceux que l’on emploie la légère. On peut penser légitimement que parler de guerre dans le cadre de Daesh a permis, non pas d’enfermer ce groupe terroriste, cette entité politique, dans une case de simples barbares, mais d’en assurer une forme de légitimité car, la guerre, c’est l’État et la politique donc faire la guerre à Daesh c’est en reconnaître la nature étatique, selon une grille de lecture occidentale. Et ce n’est pas Gérard Chaliand qui dira le contraire, lorsqu’il se lève pour dénoncer avec vigueur l’utilisation, à tort et à travers, du mot guerre.

Et pour aller plus loin, Gérard Chaliand pousse le bouchon encore plus loin ici et propose de multiples pistes de réflexion qui seront analysées plus tard.

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Les bases sont posées, il est temps de passer à l’Axe 1.

[1] Pour aller plus loin : https://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1974_num_33_4_3516

[2] https://www.diploweb.com/_Eric-DANON_.html

[3] https://www.diploweb.com/_Pierre-Conesa_.html