Pour aborder la question du traitement médiatique de la guerre du Vietnam aux États-Unis, il est nécessaire en premier lieu de replacer ce conflit dans le contexte géopolitique et historique de la guerre froide à l’aide de cartes, afin d’expliquer ensuite le mécanisme de l’escalade dans laquelle les États-Unis se sont trouvés engagés de la fin 1964 à la fin 1968.
1.Escalade et désengagement du « Bourbier vietnamien »
Le corps expéditionnaire américain passe de 75 000 en juillet 1965 à 184 300 en décembre, puis de 385 001 deux ans plus tard à 540 000 en 1968. Les deux tiers de cet effectif sont constitués par le soutien logistique aux combattants, ce qui donne une idée de l’ampleur de la machine de guerre qui est mobilisée dans ce conflit.
Les premières images de cette guerre américaine au Vietnam sont celles d’attaques aériennes massives, ayant pour objectif de couper les routes du ravitaillement du Sud en provenance du Nord, et pousser Hanoi à une négociation. Comme dans des conflits plus récents, et avec tout de même l’expérience de la guerre de Corée et de ses pertes importantes face au corps expéditionnaire chinois, l’illusion que l’on pourrait éviter d’engager des troupes au sol a été entretenue, même si à partir de février 1965, la réalité a fini par s’imposer.
Ces images des bombardements, dont on cache soigneusement les conséquences sur les populations civiles, permettent dans un premier temps de montrer que l’on protège un allié d’une menace communiste particulièrement insidieuse. Dans la pratique, dès 1965 sous le mandat de Johnson, à partir de 1966, des bombardements de masse sont mis en œuvre. En 38 mois, autant de bombes sont déversées sur le Nord Vietnam que sur l’Allemagne pendant toute la seconde guerre mondiale.
On insistera également sur les conséquences en termes médiatiques de l’offensive du Têt lancé par le Viêt-cong, le jour du nouvel an vietnamien, le 31 janvier 1968. Saïgon et 30 autres villes du Sud sont visées, y compris l’ambassade américaine qui manque de tomber. Le Viêt-cong est finalement repoussé mais au prix de pertes très lourdes, humaines et matérielles. Si du point de vue numérique, les agresseurs avec 30 000 victimes ont été vaincus, le bilan dans les troupes américaines est de 2000 morts, et de 10 000 au moins dans l’armée sud vietnamienne. Le général Westmoreland qui promettait une victoire rapide en arrive tout de même à réclamer 200 000 hommes en renfort. Cela ressemble clairement à une mobilisation de masse, ce qui peut être surprenant face à un ennemi communiste que l’on présente comme minoritaire, au moins au Sud-Vietnam.
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