Quand on veut bien préparer ses élèves, rien de tel que de reprendre les sujets de l’examen… Vous trouverez ici les annales des années précédentes, classées par thème.

Dissertations sur l’environnement

  • La question environnementale aux États-Unis : acteurs et tensions. Centres étrangers, Afrique, jour 2 (2023). 
  • Changement climatique et sociétés, depuis le Moyen Age. Polynésie, jour 2 (2023). 
  • Le changement climatique, évolution, acteurs et tensions. Asie, jour 2 (2023). 
  • Le changement climatique, d’une urgence globale aux réponses locales. Liban, jour 1 (2023)
  • Comment les sociétés se sont-elles adaptées au changement climatique depuis le Moyen Age ? Liban, jour 2 (2023)
  • La question environnementale aux États-Unis, un objet de tensions entre différents acteurs ? Amérique du Nord, jour 1 (2022). 
  • « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » : pourquoi le président Chirac lance-t-il cet avertissement sur le changement climatique dans le cadre du sommet de la Terre de 2002 et a-t-il été pris en compte ? Amérique du Nord, jour 2 (2022).
  • La question environnementale, un enjeu de mobilisation internationale. Amérique du Sud, jour 2 (2022). 
  • Les sociétés et leur environnement, des relations anciennes et complexes. Asie, jour 1 (2022)
  • Les enjeux de la question climatique. Centres étrangers, Afrique, jour 1 (2022). 
  • L’environnement aux Etats-Unis, usages, tensions et acteurs depuis le XIXe siècle. Mayotte-Liban, jour 1 (2022)
  • Les Etats-Unis et l’environnement à différentes échelles. Métropole, jour 1 (2022). 
  • Les Etats-Unis, protecteurs de l’environnement ? Nouvelle-Calédonie, jour 2 (2022).
  • Les politiques étatsuniennes à différentes échelles, depuis le XIXe siècle, reflètent-elles les grands enjeux environnementaux ? Polynésie, jour 1 (2022)
  • La protection de l’environnement aux États-Unis : objet de tensions et de coopérations entre différents acteurs et à toutes les échelles. Métropole, sujet de remplacement, jour 1 (2022).
  • L’action des sociétés sur l’environnement n’est-elle tournée que vers l’exploitation ? Amérique du Nord, jour 1 (2021). 
  • Quels sont les enjeux de la protection de l’environnement ? Centres étrangers, Afrique, jour 1 (2021). 
  • Les acteurs états-uniens face aux enjeux environnementaux. Métropole, candidats libres, jour 1 (2021).
  • La gestion de la question environnementale par les acteurs états-uniens à différentes échelles. Métropole, jour 2 (2021)
  • Les sociétés humaines face aux fluctuations du climat, hier et aujourd’hui. Sujet Zéro 2 (2021).
  • Peut-on parler d’un nouveau rapport des sociétés à leurs milieux à partir du XIXe siècle ? Métropole. Sujet de remplacement 1 (2021)

Études critiques de document

Les sociétés face au changement climatique (Métropole, jour 2, 2023)

 L’élève doit montrer la permanence et les ruptures dans les relations que les sociétés entretiennent avec les milieux dans lesquels elles vivent.

 

Ministère de l’Intérieur

Sciences et Beaux-Arts

Circulaire N°18

Paris, le 25 avril 1821.

Messieurs, depuis quelques années, nous sommes témoins de refroidissements sensibles dans l’atmosphère*, de variations subites dans les saisons et d’ouragans ou d’inondations extraordinaires auxquels la France semble devenir de plus en plus sujette.

On l’attribue en partie aux déboisements des montagnes, aux défrichements des forêts, au défaut d’abri qu’éprouvent nos campagnes, et à l’absence des obstacles naturels qui s’opposaient jadis aux vents et aux nuages du nord et de l’ouest.

Les mêmes causes produiraient les mêmes effets dans toute l’Europe, et ces phénomènes seraient dignes de fixer partout l’attention. Ces maux ne seraient pas sans remède, et il serait important que, particulièrement en France, on prît des mesures pour écarter les inconvénients, les malheurs dont le principe aurait été reconnu.

Dans l’état actuel des observations, il est peut-être difficile d’asseoir un jugement ; et c’est pour fixer mon opinion, pour voir ensuite quelles dispositions ordonner, que je viens vous demander des notes sur les divers points qui suivent :

1°- Quelles forêts existaient dans votre département il y a trente ans ? Dans quelle zone et à quelle élévation étaient-elles placées ? Quelles étaient leur étendue et l’espèce d’arbres dont elles étaient formées ?

2°- Quels étaient les propriétaires ?

3°- Quelles sont celles qui existent encore et celles qui ont été abattues ?

4°- Quelle influence a-t-on remarqué que la différence exerçât sur le système météorologique du département ? Les rivières ont-elles eu des eaux plus ou moins abondantes ? Les inondations, les pluies ont-elles été plus ou moins fréquentes ? Y at-il eu plus souvent de la neige ou de la grêle, et, dans les pays de montagnes, s’eston aperçu que les glaces descendissent à plus basses régions, repoussant et refoulant la végétation vers les plaines ou les vallées ?

5°- Les vents ont-ils été plus violents, plus malfaisants, plus variables, et a-t-on remarqué que ceux du sud ou du nord exerçassent tout à coup, et par de soudains changements, de plus grands ravages que dans le siècle dernier, et lorsque la France enfin était mieux boisée ?

À ces questions, j’en pourrais ajouter d’autres ; mais vous verrez vous-mêmes, et sans avoir besoin de plus d’indications, à développer toutes les idées de cet ordre, dont vous croiriez utile de me faire part.

Je réunirai tous les documents que j’aurai reçus, je les communiquerai à l’Académie des sciences, et mon avis se formera sur ce que vous et elle auront d’abord émis en les motivant.

On a beaucoup fait et avec raison pour l’encouragement des prairies artificielles. Mais les forêts n’ont pas moins d’importance, et quand les recherches auxquelles je vous prie de vous livrer n’auraient de résultat que celui d’arrêter vos regards sur ce genre de cultures et de richesses, ma lettre aurait rempli en partie son objet.

Recevez, Messieurs, l’assurance de ma considération distinguée.

Le ministre secrétaire d’État de l’Intérieur

Signé : Siméon

* L’hiver 1819-1820 est particulièrement froid : à Paris la Seine est glacée, on meurt de froid dans les rues ; les arbres sont détruits par le gel dans le sud-est

Source : circulaire du ministre de l’Intérieur Siméon adressée à tous les préfets, avril 1821

Document 2 :
Source : illustration extraite du rapport annuel de C40 Cities, réseau de grandes métropoles engagées dans la lutte contre le dérèglement climatique, 2019

Traduction : « We have the power to move the world » signifie « Nous avons le pouvoir de faire avancer le monde ».


Les rapports entre l’État et l’environnement (Centres étrangers, Afrique, jour 1, 2023)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, caractérisez les rapports entre l’État et l’environnement.

Document 1 : Le président Théodore Roosevelt (à gauche) et John Muir (à droite). La photographie est prise en 1903 à Glacier Point dans le parc national de Yosemite en Californie.
Source: photographie officielle de la rencontre entre Théodore Roosevelt et John Muir, 17 mai 1903
Document 2 :

Je renvoie le sieur Dumont dans les Pyrénées pour y continuer les travaux qu’il y a commencés, tant pour rendre les rivières flottables* que pour choisir dans les forêts de cette région, les mâts et le bois nécessaires pour les arsenaux de Sa Majesté. Afin de mener à bien cette tâche, vous devrez non seulement travailler en parfaite entente, mais aussi lui fournir toute l’aide nécessaire et user de tout le pouvoir que le Roi vous a donné afin de mener à bien la réforme des forêts de cette région. Vous devrez veiller avec un très grand soin à l’application des points suivants :

[…] le Roi veut que vous fassiez le recensement de toutes les forêts appartenant à Sa Majesté, aux communautés et aux particuliers, qui se trouvent dans toute l’étendue de la Navarre, du Béarn et de la Haute-Guyenne, et que vous en établissiez les surfaces ainsi que la description exacte de la qualité et de la quantité des arbres que l’on y trouve.

Que vous examiniez soigneusement s’il y en a suffisamment pour garantir l’approvisionnement permanent des arsenaux en mâts, en bois de construction et en planches, dans des quantités qui vous seront expliquées par le Sieur Dumont.

Que vous veilliez à mettre de côté tous les troncs qui peuvent être transportés par voie fluviale, et qu’il soit strictement interdit de les utiliser pour la découpe de planches ou pour tout autre emploi. Il est de la plus haute importance pour le royaume que les arbres de cette qualité soient réservés à l’usage de la marine, et il sera nécessaire de faire le relevé des forêts dont les arbres de moindre qualité pourront être exploités pour les autres usages.

Vous devrez aussi empêcher que les habitants ne procèdent à des coupes de bois sans respecter les règles définies par la loi, afin de s’assurer que les meilleurs arbres soient réservés aux arsenaux de Sa Majesté. Enfin, je vous demande d’examiner avec tout le soin et toute l’application dont vous êtes capable l’ensemble des dispositions à prendre afin de garantir dans cette région une production constante de mâts et d’autres pièces de charpente destinées aux arsenaux. Vous apporterez l’aide requise au sieur Dumont pour acheminer l’ensemble des troncs et veiller à leur transport par les ouvriers, et ce à prix raisonnable. Ne manquez pas de me tenir constamment informé, et de m’envoyer un rapport sur l’état des forêts dont nous venons de parler.

*Rivières flottables : cours d’eau sur lesquels le bois peut flotter pour être transporté.

Source : lettre de Jean-Baptiste Colbert (contrôleur général des finances) à Louis de Froidour (grand maître des eaux et forêts), à Versailles, le 8 octobre 1672


Les acteurs de la préservation de la forêt (Asie, jour 1, 2023)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous montrerez l’évolution de la forêt depuis le Néolithique et le rôle des États et des sociétés dans cette évolution en vous appuyant sur l’exemple de la France.

Document 1 : Les transformations de la forêt depuis le Néolithique

Tout au long des 50 siècles allant du Néolithique au premier tiers du XIXème siècle, les forêts ont un aspect sensiblement différent de celui qu’on leur connaît aujourd’hui. Leur existence même est sans cesse menacée par l’expansion humaine […].

Les techniques agricoles évoluant peu avant le XVIIème siècle et la première révolution industrielle consommant ensuite de plus en plus de bois énergie, on constate une remarquable constance entre les variations de la population et celles de la surface boisée totale […].

En Europe de l’ouest [entre 1750 et 1900], la France occupe une situation médiane entre des pays comme l’Angleterre et l’Allemagne, extrêmement déboisés où la reconstitution se fera essentiellement par des boisements artificiels et un enrésinement* fort, et les pays du Sud (Italie, Espagne), moins déboisés où la forêt s’étendra ensuite quasi naturellement […].

Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, on voit apparaître des sujets nouveaux relatifs à la forêt qui forment une sorte de préfiguration des débats écologiques et paysagers actuels. Il s’agit d’abord de la question du boisement en montagne. Au milieu du siècle, des crues catastrophiques se produisent et sont imputées au déboisement des montagnes. Les communautés montagnardes locales sont à nouveau désignées comme responsables via le surpâturage et les abus en forêt. Au nom de la protection contre les inondations, les avalanches et l’érosion torrentielle, le pouvoir impérial [Second Empire] fort promulgue des lois pour obliger à des actions de reboisement et de mise en défense d’accès des troupeaux qui entraînent des nombreux conflits locaux.

* Enrésinement : reboisement avec des arbres résineux.

** La Fabrique écologique est un think et do tank (un espace de réflexion et un réservoir d’idées) créé en 2013, une fondation qui a pour objectif de promouvoir l’écologie et le développement durable sur la base des propositions concrètes.

Source : rapport « Quel rôle pour la forêt dans la transition écologique ? », Juillet 2019
publié par la Fabrique écologique**

Document 2 : Affiche « Réflexes » de prévention des incendies dans les forêts.

Note accompagnant l’affiche : Pour la 5e année consécutive, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire avec l’appui de l’ONF, de Météo-France et de l’entreprise Vinci lancent une campagne nationale de sensibilisation et de prévention des risques de feux de forêt et de végétation. (20 juin 2022).

Source : https://agriculture.gouv.fr/campagne-de-prevention-contre-les-feux-de-foretet-de-vegetation

 


Le changement climatique et ses enjeux mondiaux (La Réunion, jour 1, 2023)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que la prise en compte du changement climatique reflète des dynamiques géopolitiques et économiques mondiales.

Le 12 décembre 2015, lors de la COP21 à Paris, était conclu un accord historique sur le climat, fruit d’un intense travail diplomatique et d’une prise de conscience générale de l’urgence de la situation. 195 pays s’accordaient pour lutter contre le dérèglement climatique malgré les situations nationales divergentes […].

Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères français, parlait de « multilatéralisme universel », inclusif et ouvert : « La totalité des États se sont réunis […] ; chaque État a été non seulement entendu mais écouté […] ; les acteurs non étatiques que sont les entreprises, les collectivités locales, les ONG, la société civile, ont été associés et ont joué un rôle important dans la dynamique collective. »

La « communauté internationale » fut à cette occasion une réalité. Les principaux objectifs, de limiter le réchauffement de la température à 1,5°C d’ici 2100 et d’alimenter (pour les pays développés) le « fonds vert pour le climat » à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 afin d’aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs, ont été acceptés par tous. Le fait que les deux plus gros pollueurs — Chine et États-Unis — aient modifié leur politique et accepté de relever le défi du dérèglement climatique a beaucoup contribué à la conclusion de l’accord. Certains trouvent que ce dernier n’est pas assez ambitieux ou insuffisamment contraignant. C’est pourtant la première fois qu’un accord environnemental est conclu de manière multilatérale.

Mais en 2018, Donald Trump dénonçait cet accord, dans une politique globale de rejet du multilatéralisme. Il estime que cet accord vient limiter la croissance de l’économie américaine. Il veut par ailleurs satisfaire le lobby du charbon. Cette décision provoque un tollé mondial — le président français Emmanuel Macron détournant le slogan de Trump « Make America Great Again*» en « Make our Planet Great Again**». Le Brésil (9e puissance économique mondiale) et l’Australie (14e) sont également dirigés par des climatosceptiques. Aux États-Unis, cette décision suscite des oppositions, de nombreux Américains étant conscients des dégâts du réchauffement climatique, le nombre de catastrophes qu’on ne peut plus qualifier de « naturelles » se multipliant.

L’État de Californie et la ville de New York, entre autres, décident de continuer à respecter l’accord de Paris. […]

Le problème principal est que de trop nombreux gouvernements privilégient les nécessités à court terme du développement économique national le moins entravé possible au détriment des intérêts à long terme de l’humanité.

* Rendre sa grandeur à l’Amérique.

** Rendre sa grandeur à la planète.

Pascal Boniface, Comprendre le monde, Malakoff, 2021, p. 228-229.

Document 2 :

Cécile Marin, dans Frédéric Durand, « Climat, une conférence à la recherche du temps perdu », Le Monde Diplomatique, novembre 2021, p 14-15

Carte réalisée à l’occasion de la COP 26 qui s’est tenue à Glasgow (Royaume-Uni) du 31 octobre au 12 novembre 2021.


Exploiter et protéger la forêt française (Amérique du Sud, jour 1, 2022)

En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez comment l’exemple de la forêt française illustre les différents enjeux de l’exploitation, de la préservation et de la protection de l’environnement.

« L’Office national des forêts joue un rôle moteur depuis son invention en 1964 […]. Ses missions consistent […], à gérer, protéger la forêt, valoriser la ressource en bois et accueillir le public en forêt. L’ONF a totalement transformé le paysage institutionnel de la forêt française, aussi bien publique que privée, en créant des centres régionaux de la propriété forestière. […]

Sur les 15 millions d’hectares de la forêt française […], l’ONF n’en couvre que 10 %, soit 1,5 million d’hectares. Toutefois, cet agent public est parvenu à imposer des « plans simples de gestion » pour toutes les forêts privées possédant plus de 25 hectares. Ces plans présentent les caractéristiques de la forêt telles que le type de bois et les préconisations en termes de coupes et de travaux, pour permettre de réaliser le bilan périodique de la forêt.

Les forêts de l’Etat disposent, elles, d’aménagements forestiers, depuis le XIXe siècle. Avant même la naissance de l’office public, l’Etat prévoyait déjà la gestion de la forêt sur le long terme, avec ce souci, toujours, de faire bouger les lignes entre le privé et le public. […]

D’après le géographe [Paul Arnould], « il existe de nombreux conflits à propos des vieux arbres, entre leur conservation et leur remplacement. En effet, les espérances de vie des arbres sont très variables, entre, par exemple, les peupliers et les bouleaux qui dépassent rarement la centaine d’années, et puis d’autres qui peuvent être multicentenaires, […] tels que les châtaigniers ou les vieux oliviers ».

Des conflits qui, selon lui, résident dans l’idée que l’écologie veut garder ces arbres comme support de biodiversité, pendant que d’autres estiment principalement la valeur marchande avec des arbres qui valent énormément. Notamment lorsqu’ils sont utilisés à des fins matérielles, pour le secteur de la tonnellerie*. […]

L’ONF et l’institut national de la recherche agronomique tiennent un programme commun de recherche intitulé « Giono » […] dont le travail est de connaitre les essences qui auraient leur place dans la forêt française pour remplacer celles qui risquent d’être menacées par le dérèglement climatique. […] Mais il est important, estime alors le géographe, d’avoir aussi à l’idée qu’il existe une grande quantité d’arbres – des écotypes2 – qui arrive à faire face à des sécheresses prolongées ou à des gels extrêmes. […]

En tant que membre du comité de l’office national des forêts qui labellise « les forêts d’exception », Paul Arnould estime que « celles-ci sont, dans tous les cas, exploitées d’une manière ou d’une autre ». Il est important de rappeler, au passage, que le label « forêt d’exception » n’est pas synonyme d’attribution d’une protection réglementaire. « C’est une nouvelle gouvernance, définit-il, qui permet aux randonneurs, aux chasseurs, aux associations de la protection de la nature de se réunir pour discuter et trouver le meilleur compromis de préservation et de gestion possible. » D’ailleurs, précise-t-il, les écologistes ne s’opposent pas forcément à l’exploitation du bois si elle ne perturbe pas la faune.

Ces forêts dites « d’exception » sont par exemple ces grandes forêts littorales de protection contre le vent et contre le sable dans les Landes -le bassin d’Arcachon à plus grande échelle ; en montagne, souvent menacée par l’érosion, l’office a créé ce qu’elle appelle la restauration des terrains de montagne (RTM) qui a permis de créer des forêts protectrices comme sur le massif de la Grande-Chartreuse ; citons encore, la forêt de Fontainebleau ; de Verdun ou du Val Suzon… »

Source : « Comment mieux protéger notre forêt ? », compte-rendu des propos du biogéographe Paul Arnould au micro de Jean Lebrun, dans La Marche de l’histoire, émission de France Inter, publié le 6 juin 2019 et consulté le 4 octobre 2021.


L’évolution du climat et son impact sur les sociétés (Asie, jour 2, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : comment le changement climatique est-il devenu un défi global ?

Document 1 :
Source : GIEC, Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées, Résumé à l’intention des décideurs, 2020, p.8.

(Disponible en ligne sur le site du GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – consulté en novembre 2020).

Document 2 :

Dans les années 2000, trois événements ont conduit à un changement de perception de ce que disaient les scientifiques sur le réchauffement climatique.

Du côté de l’opinion publique, la canicule de l’été 2003, même s’il faut être prudent sur son attribution à l’augmentation de l’effet de serre, a provoqué 15 000 décès en France, peut-être davantage, et 75 000 au niveau de l’Europe. Elle a clairement montré et illustré la fragilité de nos civilisations, y compris dans les pays développés comme le nôtre, face à des catastrophes climatiques, à des événements climatiques extrêmes. Ceux-ci ont toujours existé et existeront en dehors du réchauffement climatique. La question qui est posée n’est pas celle de leur existence, mais bien celle de leur intensification. Le caractère extraordinaire de cet été 2003 était-il ou non lié à l’effet de serre ?

Du côté des entreprises, le rapport Stern* a confirmé, chiffres à l’appui, qu’économiquement, il est plus intéressant de lutter contre le réchauffement climatique. Selon ce rapport, ne rien faire coûterait beaucoup plus cher que la mise en œuvre de mesures pour lutter contre le réchauffement. Il y a une attitude très différente des grandes entreprises ou du monde des entreprises depuis le début des années 2000 et ce rapport. Les décideurs politiques ont donc commencé à prendre conscience du problème.

Du côté des politiques, la prise de conscience des politiques est venue plus tard, mais elle est aujourd’hui réelle. […] La date marquante d’un changement de perception chez les politiques est, me semble-t-il, 2002 et le discours de Jacques Chirac à Johannesburg**. ̎ Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ̎ est restée célèbre.

Source : Jean JOUZEL, Climats passés, climats futurs, CNRS éditions/De Vive Voix, coll. « Les Grandes Voix de la Recherche » Paris, 2019, pp 50-52. [Jean Jouzel est climatologue. Il a été vice-président du groupe scientifique du GIEC de 2002 à 2015.]

* « Rapport Stern sur l’économie du changement climatique », publié en 2006. C’est un rapport sur les effets du réchauffement climatique sur l’économie mondiale, commandé par le gouvernement du Royaume-Uni à l’économiste Nicholas Stern.

** En août-septembre 2002 a lieu à Johannesburg le Sommet mondial pour le développement durable.


La question environnementale aux États-Unis (Mayotte-Liban, jour 2, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous exposerez la complexité des rapports qu’entretiennent les États-Unis avec leur environnement.

Document 1 :

Le combat politique autour de l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR – Refuge faunique national d’Arctique) prend un nouveau tournant. La secrétaire à l’Intérieur, Debra Haaland, chargée de la protection des parcs nationaux et des réserves naturelles, est revenue mardi sur le programme d’exploitation des gisements gaziers et pétroliers amorcé par l’administration Trump, sur la côte nord de l’Alaska. Depuis près de trente ans, le sort de cette zone naturelle de 76 000 kilomètres carrés limitée à l’est par la frontière canadienne, est l’objet d’une lutte acharnée entre démocrates et républicains. Si les conservateurs* privilégient les arguments économiques –création d’emplois et indépendance énergétique du pays–, les démocrates s’y opposent au nom de la protection de l’environnement.

« De multiples lacunes juridiques » jalonnent la procédure d’attribution de ces concessions menée par l’administration Trump, selon l’ordre signé par la secrétaire à l’Intérieur. […]

Quelques heures après son investiture, il [Joe Biden] signe un moratoire** sur l’octroi de nouvelles concessions pour des forages pétroliers et gaziers sur les terres et les eaux nationales. Objectif : le détricotage de la multitude de mesures anti-environnementales prises par son prédécesseur. Malgré quelques précautions prises par Barack Obama qui avait interdit tout nouveau forage de gaz ou de pétrole en mer de Beaufort, l’administration Trump était passée à l’offensive à l’été 2017. Le Congrès conservateur avait entériné une loi autorisant les forages pétroliers et gaziers sur une zone représentant 8 % du refuge faunique national d’Arctique où se côtoient ours polaires, loups, caribous et des millions d’oiseaux migrateurs. Des concessions pour exploiter différentes parcelles avaient finalement été attribuées à la dernière minute par Donald Trump. Ces résultats définitifs à un appel d’offres lancé en décembre, n’ont été publiés que le 19 janvier, deux jours avant son départ. Et sont désormais suspendus.

L’annonce est favorablement accueillie par la ligue pour la nature en Alaska (Alaska Wilderness League). L’ONG environnementale, qui milite pour l’annulation des concessions, salue un « pas dans la bonne direction ». Et une étude « qui donne la priorité à la science et à une consultation adéquate des populations autochtones***[comme les Gwinch’in, installés entre l’Alaska et le Canada] ». La décision est toutefois loin d’être du goût de la puissante fédération américaine des industriels du gaz et du pétrole (American Petroleum Institute). « Les politiques visant à ralentir ou à arrêter la production de pétrole et de gaz naturel sur les terres et les eaux fédérales se révéleront en fin de compte préjudiciables à notre sécurité nationale, au progrès environnemental et à la force économique », a commenté l’un de ses responsables, Kevin O’Scannlain, dans un message transmis à l’AFP.

* Synonyme ici et dans le reste de l’article de Républicains.

** Désigne un accord sur la suspension d’autorisation de nouvelles concessions.

*** Désigne les Amérindiens, peuples présents sur le territoire avant l’arrivée des Européens.

Source : Libération et AFP [Agence France Presse], « L’administration Biden suspend des forages gaziers et pétroliers autorisés sous Trump en Alaska », liberation.fr, 2 juin 2021.

Document 2 :

Le Wild Guide est un guide touristique de randonnées et de projets de conservation édité chaque année par la Wilderness Alliance, une organisation locale à but non lucratif fondée en 1997, dédiée à la protection, la restauration et la jouissance continue des terres sauvages et des zones sauvages du Nouveau-Mexique. Les ventes de ce guide servent à financer des projets de conservation.

Traduction de la couverture du guide : « Au-delà de la civilisation… se trouve la nature sauvage ; 50e anniversaire du Wilderness Act ».


Usages et représentations de l’environnement (Métropole, jour 2, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que la protection de l’environnement par la puissance publique est en relation avec les représentations que les sociétés se font de la « nature ».

Document 1 :

Forêt de protection : un statut

À ce jour, 163 500 ha sont concernés par ce statut soit 1% de la surface forestière métropolitaine. Ce statut a été créé en 1922 pour lutter contre l’érosion des sols en montagne et la défense contre les risques naturels (avalanches, glissements de terrain…) ainsi que contre l’envahissement des eaux et des sables en zone côtière. Il a été élargi en 1976, par la loi sur la protection de la nature, aux forêts dont le maintien s’impose soit pour des raisons écologiques (cas particulier des forêts alluviales rhénanes), soit pour le bien-être de la population pour les forêts péri-urbaines.

Procédure de classement

Le classement fait l’objet d’une procédure centralisée au ministère en charge des forêts et il est prononcé par décret en Conseil d’État.

Il […] soumet la forêt à un régime forestier spécial qui entraîne une restriction de la jouissance du droit de propriété : tout défrichement est notamment interdit ainsi que toute implantation d’infrastructure. La poursuite des coupes de bois y est tout à fait possible, tenant compte des enjeux à protéger, dans le cadre de l’application du document de gestion durable de la forêt qui fait office de règlement d’exploitation.

Le régime forestier spécial permet également de contrôler la circulation du public et des véhicules motorisés. Le code forestier prévoit une possibilité d’indemnisation des propriétaires qui constateraient une diminution de leur revenu due au classement.

Le classement en forêt de protection, outil juridique le plus contraignant du code forestier pour la protection des forêts, a ainsi pour effet majeur d’interdire tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation ou la protection des boisements (art. L. 412-2 code forestier).

Source : Ministère de l’Agriculture, 2020

Document 2 :
Source : page d’accueil du site de la Fondation des Parcs nationaux (États-Unis)

La question climatique (Nouvelle-Calédonie, jour 1, 2022)

En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, expliquez comment le secrétaire général de l’ONU envisage la coopération internationale sur la question climatique. Vous en présenterez les limites. 

Discours d’Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations unies, sur l’état de la planète le 2 décembre 2020 à l’université de Columbia, New York

« […] Mes chers amis, J’aimerais d’abord aborder avec vous la question de l’urgence climatique. Il y a trois impératifs pour parvenir à faire face à la crise climatique :

Premièrement, nous devons atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale dans les 30 prochaines années.

Deuxièmement, nous devons faire en sorte que les financements mondiaux soient au diapason de l’Accord de Paris, le plan mondial pour l’action climatique.

Troisièmement, nous devons accomplir une percée en matière d’adaptation afin de protéger le monde – et en particulier les personnes et les pays les plus vulnérables – contre les impacts climatiques.

J’aimerais maintenant revenir sur chacun de ces trois impératifs.

Premièrement, la neutralité carbone – réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effets de serre. Ces dernières semaines, nous avons constaté des évolutions positives importantes.

L’Union européenne s’est engagée à devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050 – et j’espère qu’elle décidera de réduire ses émissions d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030.

Le Royaume-Uni, le Japon, la République de Corée et plus de 110 pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

L’administration entrante des États-Unis a annoncé qu’elle poursuivrait le même objectif. La Chine s’est engagée à y parvenir avant 2060.

Cela signifie que d’ici au début de 2021, des pays représentant plus de 65 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone et plus de 70 % de l’économie mondiale auront pris des engagements ambitieux en matière de neutralité carbone.

Nous devons profiter de cet élan et en faire un véritable mouvement. L’objectif central que s’est donné l’Organisation des Nations Unies pour 2021 est de constituer une véritable coalition mondiale pour la neutralité carbone.

Je suis convaincu que l’année 2021 peut être une année bissextile d’un nouveau genre – celle d’un bond en avant vers la neutralité carbone.

Chaque pays, ville, institution financière et entreprise devrait adopter un plan de transition vers zéro émission nette d’ici à 2050 – et j’engage les principaux émetteurs à montrer l’exemple en prenant dès maintenant des mesures décisives pour réaliser cette vision, ce qui signifie réduire les émissions mondiales de 45 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010. Et ceci doit se refléter clairement dans les contributions déterminées au niveau national.

Chaque personne a un rôle à jouer, puisque nous sommes toutes et tous des consommateurs, des producteurs, des investisseurs. […]

Mes chers amis,

Un monde nouveau est en train de prendre forme.

De plus en plus de personnes reconnaissent les limites des critères conventionnels, tels que le produit intérieur brut, qui peuvent faire passer des activités nuisibles à l’environnement comme positives sur le plan économique. Les mentalités évoluent.

De plus en plus de personnes comprennent qu’elles doivent faire leurs propres choix au quotidien pour réduire leur empreinte carbone et respecter les limites de la planète.

Et nous sommes inspirés par des vagues de mobilisation sociale soulevées par la jeunesse.

Des mouvements de protestation dans la rue aux campagnes de sensibilisation en ligne…

De l’enseignement en classe à l’engagement collectif…

Des bureaux de vote aux lieux de travail…

Les jeunes poussent leurs aînés à faire ce qui doit être fait. Et nous sommes dans une université.

C’est un moment de vérité pour les peuples comme pour la planète. […] »

Note : Le 2 décembre 2020, jour où deux rapports de l’ Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) ont été publiés, soulignant la gravité de la crise climatique.

Source : Site internet des Nations Unies, Action pour le Climat. (Consulté en novembre 2021).


L’action des êtres humains sur leur environnement (Polynésie, jour 2, 2022)

En analysant de manière critique les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous montrerez les étapes de l’action des êtres humains sur leur environnement depuis le Néolithique.

Document 1 :
D’après l’Institut national des études démographiques, « L’évolution du nombre des hommes » Populations et sociétés , n°394, octobre 2003

Document 2 :

En 2000, avec le biologiste américain Eugene F. Stoermer, le chimiste et Prix Nobel de chimie néerlandais Paul Josef Crutzen évoque pour la première fois le terme d’« Anthropocène ». [Cette] nouvelle phase géologique dont la révolution industrielle du XIXe siècle serait le déclencheur principal, [est] marquée par la capacité de l’homme à transformer l’ensemble du système terrestre. Le fracas qu’a provoqué dans la communauté scientifique cette annonce, encore discutée et critiquée par la Commission internationale de stratigraphie (International Commission on Stratigraphy, ICS), marque un profond changement dans le positionnement de l’homme face à son environnement naturel. […]

Car le désordre engendré par les effets de l’activité humaine sur le climat ne porte pas que sur la Terre. Il porte aussi sur le monde et diverses facettes de l’activité humaine : sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique. L’avènement de l’Anthropocène, en quelque sorte, sonne le glas d’une vision binaire de l’homme séparé de son environnement, de la dichotomie entre la Terre et le monde. […]

En découle la nécessité de transformer notre système de gouvernance et de gestion des ressources. Il convient notamment de substituer aux notions d’efficacité et d’optimisation une approche plus flexible, plus adaptable, dans laquelle les systèmes environnementaux et sociaux se complètent et fonctionnent sur de mêmes bases. Ces crises peuvent toutefois mener à des opportunités, et les défis écologiques auxquels sera confrontée l’espèce humaine mettront en jeu sa capacité à construire de nouveaux modèles de gouvernance locale et à appliquer des politiques publiques et économiques de façon pérenne.

Source : François Gemenne et Marine Denis, « L’Anthropocène, un désastre planétaire », revue Questions Internationales, n° 85-86, mai-août 2017, pp. 114-118.


Protection de la nature et transformations des milieux (Asie, jour 2, 2021)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : la protection de la nature est-elle compatible avec l’exploitation des milieux ?

Document 1 :

« Au soir du 19 septembre 1870, autour d’un feu de camp concluant un mois d’exploration du plateau de Yellowstone, à Madison Junction, les membres de l’expédition Washburn, partis pour découvrir les mystères géothermiques du site, conçoivent l’idée de demander de la manière la plus pressante la protection du périmètre de leurs investigations par le pouvoir fédéral américain. Impressionnés par les sources chaudes, geysers et autres bassins sulfurés de Yellowstone, les dix-neuf scientifiques, militaires et entrepreneurs de la mission affirment alors « (qu’il) ne s’écoulera que peu d’années avant que la marche du progrès de la civilisation ne vienne réclamer cette solitude délicieuse et la garnir de tous les attraits d’un goût cultivé et raffiné ». […] À force de conférences et d’expositions jusqu’au Sénat américain, leur pression finit par aboutir au vote de la loi du 1er mars 1872 qui stipule que « ces terres sont soustraites au peuplement […] et dédiées, en tant que parc public ou aire de détente, au plaisir et au bénéfice du peuple ». La gestion de ce périmètre est confiée au Département fédéral de l’Intérieur, et toute atteinte au gibier, au poisson, aux ressources végétales, minérales ou aux curiosités naturelles y est désormais interdite.

[…] La relecture critique de l’histoire de Yellowstone a permis […] d’émettre de sérieux doutes quant à l’existence même du fameux feu de camp de Madison ; a contrario, elle montre que cette insistance en faveur de la création d’un espace protégé fédéral a été, en réalité, largement soutenue par la compagnie de chemin de fer transaméricaine Northern Pacific qui a financé à la fois l’expédition Washburn, les conférences de son représentant, Nathaniel P. Langford, et les expositions du peintre Moran, membre de l’expédition Hayden de l’année suivante (1871).

[…] Les premiers parcs nationaux des Rocheuses américaines, loin de toute considération écologiste, s’avèrent donc en premier lieu l’outil d’une conquête territoriale, à la fois par les États modernes désormais affranchis de leurs tensions politiques (guerre civile américaine jusqu’en 1865 ; indépendance du Canada en 1867) et, à la fois, par les compagnies ferroviaires qui garantissent ainsi leurs intérêts économiques par une stratégie de nationalisation foncière. L’enjeu principal porte sur le statut public ou privé de la nature, et non sur l’intérêt de sa protection contre la société : on protège la nature pour l’homme, et non intrinsèquement* pour elle-même.

[…] Si les États-Unis ou le Canada ne possèdent guère de monuments historiques millénaires, ils peuvent en revanche s’appuyer sur des séquoias géants, des canyons spectaculaires ou des faits géologiques capables d’éveiller la réflexion sur l’histoire de la conquête américaine et, au-delà, sur la temporalité longue des milieux physiques. Les parcs des Rocheuses nord-américaines ont permis, à travers l’intérêt économique du tourisme, la construction d’une représentation collective des nations fondée sur la nature. »

Source : Samuel Depraz & Stéphane Héritier (2012). La nature et les parcs naturels en Amérique du Nord. L’Information géographique, vol. 76(4), 6-28.

* Intrinsèquement signifie en soi, en ce qui lui est propre.

Document 2 :

Le document présente la construction de la route Going-to-the-Sun Road (nom des montagnes) de 80 km et qui traverse le parc national des Glaciers d’est en ouest. La route est construite entre 1921 et 1933.

Source : Site Internet du Service des parcs nationaux, parc national des Glaciers, État du Montana (États-Unis). Photographie de 1932.

Entre atteinte à l’environnement et protection (Centres étrangers, Afrique, jour 2, 2021)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous en appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : quelles actions les sociétés ont-elles sur les milieux « naturels » ?

Document 1 :

Les forêts couvrent 31% de notre territoire métropolitain, soit près de 17 millions d’hectares… et deux fois plus qu’en 1830 ! C’est l’Office national des forêts (ONF) qui a en charge la gestion des 17 000 forêts publiques françaises, représentant le quart de notre patrimoine. Pour préserver ce trésor vert, le faire vivre et l’aider à relever les défis de demain, comme le changement climatique, une stratégie de gestion durable a été mise en place.

En quoi consiste le concept de « gestion durable » des forêts ?

Il est simple à comprendre, moins à mettre en place ! L’objectif est de transmettre aux générations futures un patrimoine forestier au moins équivalent – en quantité et en qualité – à celui reçu de nos prédécesseurs. Voire, si possible, de l’améliorer… Et cela tout en exploitant économiquement ce patrimoine. Il ne s’agit pas de transmettre en conservant, mais de transmettre en valorisant. … Cela nécessite tout un système de planification sur le long terme pour savoir quoi prélever, où et quand. Chacune des 17 000 forêts publiques françaises est dotée d’un plan de gestion d’une durée de 15 à 20 ans. Il établit les orientations, forêt par forêt, des actions à mener pour respecter ces règles dans la durée.

Plus concrètement, si l’on n’a pas la certitude de recréer une forêt adulte derrière celle que l’on veut couper, on ne la coupera pas ! En France, on plante peu. On privilégie la régénération naturelle qui consiste à accompagner l’ensemencement naturel par les graines tombées des arbres au sol. … Sur ce sujet, on essaye d’anticiper au maximum, même s’il y a encore beaucoup d’incertitudes… Ce qui est sûr, c’est que le changement climatique va avoir des impacts directs et indirects sur nos forêts. Globalement, on cherche donc à les faire évoluer vers des écosystèmes qui soient plus résilients à des événements brutaux, types sécheresse, inondation, tempête, etc. Et cela passe notamment par une stratégie de diversification des espèces. On sait en effet que la résistance des écosystèmes végétaux – et forestiers en particulier – repose en partie sur le fait qu’ils ne soient pas trop homogènes. … Pour survivre, la forêt n’a pas besoin d’intervention humaine. Mais une forêt qui fonctionne de manière entièrement naturelle, c’est une forêt peu accueillante pour le public. Dans une forêt naturelle, le renouvellement se fait d’une manière simple : lorsque les arbres adultes atteignent l’âge où ils sont mourants, ils finissent par tomber et pourrir. Ce sont dans ces trous de lumière que les jeunes pousses s’installent… dans un environnement très anarchique, peu adapté à la promenade et aux loisirs. Sans compter que, dans ce cas de figure, aucun bois n’a pu être exploité…

L’exploitation forestière concerne-t-elle toutes les forêts ?

Le principe général de la gestion forestière publique en France – qui n’est pas le modèle dominant dans le monde – est ce qu’on appelle une gestion multifonctionnelle. C’est-à-dire qu’on essaye de faire, à la fois et en même temps, dans toutes les forêts publiques gérées par l’ONF : de la production, de l’accueil du public, de la protection de la biodiversité, de la protection contre les risques naturels.

La société a perdu cette vision de la forêt comme étant un espace productif. Et cela n’a pas empêché – et n’empêchera pas – nos forêts de continuer à croître en moyenne de plus de 50 000 hectares par an !

Source : site Internet du ministère de l’Agriculture, article publié le 20 mars 2018, interview du directeur « forêts et risques naturels » à l’Office national des forêts. Consulté le 17 octobre 2020

Document 2 :

Les pluies anormalement acides sont considérées comme un problème majeur dans les années 1980, du fait de leurs effets visibles, notamment en Europe et en Amérique du Nord. La cause première des pluies acides est la pollution atmosphérique, notamment liée à l’industrie.

Source : Der Spiegel, magazine allemand, 16 novembre 1981

Saurer Regen über Deutschland – Des pluies acides sur l’Allemagne

Der Wald stirbt – La forêt meurt

 


Les représentations de l’environnement (Métropole, candidats libres, jour 2, 2021)

En analysant les documents, en les confrontant et en utilisant vos connaissances, étudiez les différentes représentations de l’environnement et les actions menées à différentes échelles.

Document 1 :

Le 12 octobre 2007, l’ancien vice-président américain Al Gore et le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont obtenu le prix Nobel de la paix 2007. Le prix leur est conjointement décerné pour « leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques provoqués par l’homme et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements ». « Al Gore est probablement l’individu qui a fait le plus pour que l’on comprenne mieux à travers le monde les mesures qui doivent être adoptées », a ajouté l’institution.

Ancien vice-président de Bill Clinton et candidat démocrate malheureux à la Maison Blanche en 2000, Al Gore a attiré l’attention de l’opinion publique en 2006 avec son livre et documentaire Une vérité qui dérange, qui tire la sonnette d’alarme face au réchauffement de la planète. Primé aux Oscars, le film de 96 minutes a contribué à vulgariser un sujet complexe et à sensibiliser l’opinion publique à la menace climatique. Réalisant un véritable travail de fourmi, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) expertise et compile les recherches effectuées par des milliers de scientifiques à travers le monde. Pour le Comité Nobel, ces rapports « ont créé un consensus plus largement informé sur le lien entre l’activité humaine et le réchauffement climatique. Plusieurs milliers de scientifiques et de responsables de plus d’une centaine de pays ont collaboré pour parvenir à une plus grande certitude sur l’échelle du réchauffement ».

Ses rapports, résultats de délicates tractations entre délégations des différents États, fournissent un solide socle de connaissances aux décideurs politiques. Parmi ses principales conclusions, le Giec prédit une hausse de 1,8 à 4°C de la température moyenne planétaire d’ici 2100, un réchauffement dont l’origine « très probable » est liée à l’activité humaine.

Limiter cette hausse à 2°C aurait un coût « relativement modéré », selon les chercheurs, soit une baisse de 0,12% du taux de croissance du PIB à partir de 2030.

Source : dossier d’information sur le développement durable, sur le site Internet de l’Assemblée nationale française. Consulté le 6 août 2020

Document 2 :

Le 6 juillet 2020 un tribunal américain a ordonné la fermeture temporaire du Dakota Access Pipeline (oléoduc de Dakota Access) dont le tracé est contesté. Il est construit par une filiale d’une entreprise de l’industrie pétrolière.

Source : Thomas Grillot, « Sioux, la lutte continue », L’Histoire, février 2020

La gestion des milieux « naturels » (Métropole, Jour 1, 2021)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que concilier exploitation et protection des milieux « naturels » constitue un défi.

Document 1 :

Ainsi, la nouvelle forêt peut être la forêt actuelle plantée depuis quelques années, mais aussi les forêts récentes datant de quelques décennies seulement, telles celles installées depuis la guerre de 1914-18, dans les zones rouges du front, ou encore des forêts séculaires dont on peut dater avec précision l’acte de naissance à l’image de la forêt du littoral landais ou des forêts de montagne créées dans un cas pour fixer les dunes littorales et dans l’autre pour stabiliser les bassins de réception des torrents montagnards.

Bien souvent un acte législatif souligne le début de la création de ces nouvelles entités forestières, par exemple la législation sur la Restauration des Terrains de Montagne de 1860 et 1882, sur les zones rouges de 1919 ou celle portant sur la création du Fonds Forestier National en 1946.

Du désordre écologique provoqué par les torrents ravageurs aux décisions politiques de reboisement, ces nouvelles forêts s’inscrivent dans un contexte historique qu’il importe de caractériser avec précision. Une nouvelle forêt doit toujours être datée. Tout reboisement est à resituer dans une époque avec ses contraintes écologiques, ses besoins économiques, ses conflits sociaux et ses choix politiques. Landes et montagnes au XIXe siècle constituent de véritables laboratoires où s’élaborent de nouveaux systèmes de gestion forestière, révélateurs des aspirations et des contradictions de toute une société.

Source : d’après Paul Arnould, « Les nouvelles forêts françaises » L’information géographique, volume 60, n°4, 1996

Document 2 :

Source : carte du parc national de Yellowstone (États-Unis), Samuel Depraz, Géographie des espaces naturels protégés, 2008


L’environnement entre exploitation et protection : un enjeu planétaire (Sujet Zero 3, 2021)

En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : pourquoi et comment le changement climatique devient-il un enjeu des relations internationales ?

Du 12 au 23 février 1979, la Conférence mondiale sur le climat a réuni à Genève un groupe d’experts et de scientifiques issus de 50 pays, sous le patronage de l’Organisation météorologique mondiale et avec la collaboration de plusieurs organismes internationaux.

Considérant l’influence prédominante que le climat exerce sur la société humaine et compte tenu de l’importance croissante que les facteurs climatiques revêtent pour de nombreux aspects des activités et des entreprises humaines, la conférence estime qu’il est devenu indispensable et urgent que les pays du monde entier :

a) tirent pleinement parti des connaissances actuelles sur le climat ;

b) prennent des mesures pour approfondir sensiblement ces connaissances ;

c) prévoient et préviennent celles des conséquences possibles de l’action de l’homme sur le climat qui pourraient nuire au bien-être de l’humanité.

Le problème

Le climat mondial a lentement évolué au cours des millénaires, des siècles et des décennies écoulés et il continuera de se modifier à l’avenir. Or, si l’homme peut tirer profit de conditions climatiques favorables, il est aussi vulnérable aux changements et aux variations du climat comme aux manifestations de conditions extrêmes telles que les sécheresses et les inondations. L’alimentation, l’eau, l’énergie, l’habitat et la santé sont autant d’aspects de la vie humaine qui dépendent fortement du climat. Les mauvaises récoltes céréalières et le déclin marqué de certains types de pêches qui se sont produits récemment mettent l’accent sur cette vulnérabilité.

Or, même des variations normales et de faibles changements par rapport aux conditions climatiques normales peuvent exercer une influence importante sur les activités de l’homme.

Si tous les pays sont vulnérables aux variations climatiques, les pays en développement, surtout ceux qui sont situés dans des zones arides et semi-arides ou au contraire très pluvieuses, le sont plus particulièrement. Il est toutefois possible d’atténuer les répercussions néfastes de ces variations et même d’en tirer parti en mettant à profit les connaissances climatologiques disponibles. Les climats des différents pays du globe sont interdépendants. C’est pour cette raison, et aussi à cause de la demande croissante de ressources émanant d’une population mondiale en expansion et qui lutte pour améliorer ses conditions de vie, qu’il est urgent d’élaborer une stratégie globale commune visant à mieux comprendre le climat et à l’utiliser de façon plus rationnelle.

Or, sans le vouloir, l’homme moderne modifie le climat à l’échelon local et aussi, dans une moindre mesure, à l’échelle régionale. On peut donc sérieusement craindre qu’en intensifiant sans cesse ses activités l’homme ne provoque des changements climatiques dont l’effet se ferait sentir dans toute une région, voire dans le monde entier. Cette éventualité ne fait qu’accentuer le caractère urgent d’une action mondiale concertée visant à étudier l’évolution possible du climat mondial et à utiliser les nouvelles connaissances ainsi acquises pour organiser le développement futur de notre société.

Source : Extraits de la Déclaration finale de la conférence mondiale sur le climat tenue à Genève du 12 au 23 février 1979 in Organisation météorologique mondiale, Conférence mondiale sur le climat, conférence des experts sur le climat et l’homme, Déclaration et documents annexes, Genève, 1979, pp.1-5.


Le rôle des sociétés dans le changement climatique (Métropole, sujet de remplacement 2, 2021)

En analysant les documents et en vous appuyant sur vos connaissances, étudiez l’importance des fluctuations et évolutions climatiques, ainsi que leur impact géopolitique.

Document 1 :

Nous avons changé d’ère à partir de la révolution industrielle, mais les effets réels de ce changement ne sont vraiment mesurables que depuis le XXe siècle, où les rejets de CO2 dans l’atmosphère atteignent des niveaux alarmants et agissent clairement sur le climat. […] La vraie perturbation du climat commence, pour moi, avec la révolution industrielle. Très vite, on a pu constater de visu cette réalité avec le recul des glaciers, qui marque la rupture progressive du pacte entre l’homme et la nature. […]

On peut effectivement penser que ce réchauffement, d’abord lent et faible, est lié à l’activité humaine, même si, concernant le XIXe siècle, le lien n’a rien d’évident. De nos jours, en revanche, ce lien est l’explication la plus probable. Jamais, depuis au moins trois mille cinq cents ans, nous n’avons connu un réchauffement de cette ampleur. Nous sommes aujourd’hui à une hausse d’environ 0,9 degré en moyenne depuis 1850, et si l’avenir confirme les prévisions d’une augmentation des températures de 2 degrés, voire plus, au cours du XXIe siècle, il faut bien comprendre que cela entraînera une modification importante du climat. […]

Je ne crois pas que nous soyons prêts à modifier radicalement nos modes de vie afin de diminuer nos émissions de CO2. Mais je me refuse à jouer les prophètes de malheur. En tant qu’historien, mon rôle est plutôt d’informer, d’éclairer, de faire de la pédagogie. Toutefois, si, durant le XXIe siècle, la température augmente vraiment de 2 à 4 degrés et si rien n’est fait, il faut bien comprendre que cela aura des conséquences majeures sur nos vies, notre environnement et, là, oui, il y aurait de quoi être inquiet.

Source : Interview d’Emmanuel Le Roy Ladurie, publiée le 2 février 2015 dans le magazine L’Express.

Document 2 :
Source : d’après Chantal Fitoussi / Agence française pour la biodiversité, sur le site Internet d’eaufrance, service public d’information sur l’eau. Consulté le 10 septembre 2020