Cette planche de dessins intitulée “guerre civile” (guerra civil) a été publiée en 1985 dans la revue d’arts graphiques “Madriz”. Elle est l’oeuvre du dessinateur Andrés Rábago García.

Composée de 4 vignettes muettes, l’auteur évoque de façon remarquable deux aspects majeurs de la guerre civile et de l’après guerre. La première vignette montre deux hommes face à face, symbolisant la division de l’Espagne en deux camps politiques. Dans la 2ème et 3ème vignette, le “franquiste” peint le républicain en rouge. Par ce raccourci, l’auteur évoque le processus de “fabrique de l’ennemi” à l’oeuvre dès le début de la guerre civile et qui consiste à assimiler tous les républicains à des “rouges”, los rojos. Rappelons qu’en 36, les communistes espagnols étaient largement minoritaires à gauche, face aux anarchistes, aux socialistes, aux radicaux et autres républicains progressistes. Assimiler tous les républicains à des “rouges” revenait ainsi à faire de la guerre civile une “Croisade” contre le marxisme athée, idéologie anti-chrétienne au service des intérêts de l’URSS. Une “croisade pour Dieu et pour l’Espagne”, contre “l’anti-Espagne”, avec laquelle aucun compromis n’était donc possible. Une Croisade impliquant une victoire complète et une “Reconquista » totale du territoire espagnol par le camp franquiste, au prix d’une guerre totale que le peuple espagnol allait payer au prix fort.

La dernière vignette évoque l’interminable après guerre (posguerra), celle d’une Espagne divisée entre vainqueurs ( vencedores) et vaincus (vencidos), ces derniers étant condamnés à l’opprobre, au silence et à l’oppression.

De nombreux travaux universitaires récents ont contribué à approfondir les connaissances historiques sur l’ampleur et les formes multiples de la répression qui apparaît ainsi comme un des piliers centraux du régime franquiste. Mais ceci est un autre sujet…