Parti avant le déclenchement de la guerre alors que le monde entier manifeste contre l’intervention américaine contre Saddam Hussein, l’Irakien Abbas Fahdel nous donne à voir une situation assez saisissante de la vie de ses compatriotes avant et après la guerre. Il suit sa famille restée au pays à travers des scènes de la vie quotidienne. Fatalistes avant le conflit, ils manifestent, à la chute de Saddam Hussein, un désir de vivre et, la liberté de parole retrouvée, de prendre leurs destinées en main. Mais le film exprime aussi les inquiétudes d’un peuple dans les mois qui ont suivi la « libération ».

Pistes à suivre

[Histoire, Tle]
Une histoire mouvementée

• Rappeler le contexte de l’intervention des États-Unis en Irak. Il est nécessaire de remonter à la première guerre du Golfe, voire avant, pour comprendre les enjeux contemporains. L’invasion en août 1990 du Koweït par l’Irak et la guerre de la coalition sous l’égide de l’Otan déclenchée le 16 janvier 1991 ont eu des conséquences qui expliquent le contexte de 2003. L’embargo contre les intérêts irakiens a eu des effets dévastateurs sur les habitants. La peur des armes de destruction massive, qui auraient été détenues par Saddam Hussein, a été l’enjeu d’une véritable déchirure entre les anciens alliés de la première guerre du Golfe. Quels sont les acteurs de ce conflit ? Quelles en ont été les conséquences sur les relations internationales ?

• Rappeler aussi les conséquences du discours sur l’Union de George W. Bush en janvier 2002, énonçant à cette occasion ce qui lui semble être l’« axe du mal ». La mise en cause de plusieurs pays considérés comme des « États-voyous » conduit, depuis la fin de l’intervention en Afghanistan, la politique étrangère américaine.

• Relever dans le documentaire ce qui fait allusion au caractère dictatorial irakien. La répression sanguinaire contre la minorité kurde, qui s’est révoltée contre le régime après la défaite irakienne de 1991, est une caractéristique majeure de l’Irak de Saddam Hussein. La répression est de nombreuses fois évoquée. De plus, le contrôle des moyens d’information et de divertissement, presse, télévision mais aussi cinéma, a renforcé la pesanteur de cette dictature. Enfin, le parti unique, le parti Bass, était le seul parti politique autorisé avec, à sa tête, un chef charismatique jouissant de l’effet spectaculaire de la propagande orchestrée par le très puissant ministère de l’Information.

• Montrer le caractère citoyen des manifestations contre l’intervention en Irak. L’implication de très nombreux citoyens aux quatre coins de la planète à cette occasion a permis la prise de conscience d’une opinion publique mondiale. L’exemple de la manifestation anglaise à Londres est parfaitement révélateur. En effet, plus d’un million de britanniques ont bravé leur propre gouvernement qui s’est engagé aux côtés des États-Unis.

• Observer le fil des événements qui se sont succédés lors de cette seconde guerre du Golfe. Le début de la guerre le 20 mars 2003 préfigure une guerre courte. L’armée du pays le plus puissant du monde ne pouvait souffrir d’une trop grande résistance irakienne. La fin de la guerre le 9 avril de la même année en est la confirmation, avec la prise de Bagdad et la destruction des symboles de la dictature irakienne.

Un avenir incertain

• Observer les stigmates de la victoire des alliés américano-britanniques sur la vie quotidienne des Irakiens. L’insécurité est une donnée récente dans le quotidien des Irakiens. La vente d’armes sur un marché en est l’exemple le plus frappant. L’arrivée des troupes alliées à Bagdad s’est traduite par le pillage de son musée archéologique, la destruction des archives…

• Relever les menaces qui pèsent sur l’Irak, visibles dès la fin de la guerre. La déstabilisation du pays est manifeste : règlements de comptes, difficultés d’approvisionnement mais surtout risques de guerre civile. La chute de Saddam Hussein n’a pas permis de mettre en place des structures gouvernementales crédibles et solides. L’armée américaine est perçue, à de multiples reprises dans le film, comme une armée d’occupation. L’embrasement est déjà manifeste.

• Montrer que la fin de cette dictature est aussi symbole d’espoir. Saddam Hussein faisait régner la terreur dans son pays. Sa chute « libère la parole » comme le remarque Abbas Fahdel. La plus grande victoire des Irakiens est de pouvoir s’exprimer sans crainte, de pouvoir enfin raconter les horreurs commises pendant plus de trente ans. C’est l’aspect le plus éclatant du reportage. Les Irakiens, fatalistes à la veille de la guerre se montrent positifs et porteurs d’espoirs.

Pour en savoir plus

DAGUZAN Jean-François (dir.), « L’Irak, un an après », Monde arabe Maghreb Machrek, n° 180, Institut Choiseul, La Documentation Française, été 2004.

Via le site de la Bibliothèque nationale de France, en collaboration avec l’Agence France Presse, le SCÉRÉN-CNDP et L’École des lettres, des pistes pédagogiques pour exploiter les représentations de guerres récentes dans la presse.

http://expositions.bnf.fr/afp/pedago/index.htm

Un dossier sur la guerre en Irak en avril 2003 par l’équipe du Café Pédagogique.
http://www.cafepedagogique.net/irak/

Jean-Philippe Raud-Dugal, professeur d’histoire et de géographie