Définis par le sommet de l’an 2000 au siège new-yorkais de l’ONU, les objectifs du millénaire pour le développement ont déterminé un certain nombre de buts et de seuils à atteindre pour 2015 en matière de réduction de la pauvreté, d’accès à l’eau, à la nourriture, à l’éducation, de lutte contre les maladies, pour l’amélioration de la situation des femmes, le tout dans le cadre du développement durable.

Le site et le rapport:deux ressources construites différemment

A moins de deux ans du terme fixé, les résultats obtenus font l’objet d’une présentation optimiste, que l’on peut consulter sous deux formes :

– le site, multilingue avec une version française : une présentation simple des résultats des huit objectifs (utilisable par un public scolaire du secondaire), mais avec un lien vers une fiche plus détaillée. Le site fournit également d’autres ressources comme des vidéos, présentant souvent les enjeux des objectif à une échelle nationale (lutte contre la malnutrition au Bangladesh, réfugiés en Syrie etc.) /.. Il existe aussi un lien vers une cartographie interactive (en anglais), mais qui n’a pas été mise à jour depuis longtemps.

– le rapport de 64 pages téléchargeable au format pdf. Outre les textes de présentation, il fournit de nombreux graphiques montrant la répartition des résultats dans neuf régions du monde en développement, comparées à la situation des régions développées regroupées dans un seul ensemble.

Sans cacher que pas mal d’objectifs seront difficiles à atteindre, l’avant-propos de Ban-Ki-Moon et la plupart des textes de présentation mettent plutôt en avant les réussites attendues (objectifs déjà atteints comme la lutte contre l’extrême pauvreté) et les dynamiques qui vont à peu près partout dans le bon sens.

Des objectifs atteints… aux résultats contrastés.

Mais la notion d’objectif atteint pose deux types de problèmes : le premier réside parfois dans la façon dont il a été fixé : ainsi pour la CIBLE 7.D (Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie de 100 millions d’habitants des taudis). Certes, la part des citadins vivant dans les taudis a été été diminuée, permettant effectivement à la population-cible choisie d’avoir des conditions vie meilleure. Mais la rapidité de la croissance urbaine dans les pays en voie de développement a généré davantage de taudis : on a donc un objectif considéré comme atteint avec plus de citadins dans des conditions d’habitat précaires, ce que reconnait le rapport.

le deuxième écueil se lit dans la répartition géographique des résultats pour les objectifs atteints : l’amélioration est en fait tirée par un pays ou un groupe de pays alors que le reste du monde en voie de développement reste en deçà des objectifs : ainsi la Chine est-elle largement à l’origine de la diminution de l’extrême pauvreté (personnes vivant sous le seuil de 1,25 $/jour). On peut faire la même remarque pour l’accès à l’eau potable : si le seuil de 90 % de la population ayant accès à l’eau potable a été atteint cinq ans avant la date limite, il le doit essentiellement aux progrès de l’Asie de l’Est (et du sud-est). Ailleurs (Afrique, Asie Centrale, Asie de l’ouest, Océanie) , les objectifs ne sont pas atteints.

Au delà des annonces positives qui ont accompagné sa publication, le rapport souligne trois aspects préoccupants :

– si les évolutions sur plus de 20 ans (depuis 1990) sont nettement positives, les progrès sont freinés depuis le début de la crise : le dynamisme économique maintenu des pays émergents n’a donc pas suffi à soutenir les progrès de développement.

– Si le poids de la dette dans les régions en développement s’est allégé et l’insertion des pays en développement dans le commerce mondial a été améliorée, l’aide au développement est incontestablement en crise, notamment l’aide multilatérale : pire, on ne donne qu’au « riches » : c’est à dire plus aux émergents qu’aux PMA

– Enfin la partie « développement durable », contenue dans l’objectif 7 sur l’environnement (où l’on trouve également l’accès à l’eau et la réduction des taudis…) ne peut que rappeler l’échec des programmes de limitation des gaz à effets de serre et de lutte contre la diminution de la biodiversité. Le satisfecit accordé à l’Amérique Latine pour l’extension de ses zones protégées ne suffit pas à faire illusion.

Un bon point de départ pour l’analyse du développement durable et classe de seconde ?

Au delà des tendances exposées dans le rapport, celui-ci peut constituer une porte d’entrée intéressante pour le programme de géographie de seconde : à la fois pour le chapitre introductif sur le développement durable (et notamment pour illustrer l’aspect dynamique de la notion de développement), mais aussi pour les chapitres concernant les ressources (eau, alimentation) et l’urbanisation. D’un point de vue méthodologique, les graphiques qui illustrent chacun des objectifs sont un bon entraînement à la description des évolutions et à l’analyse de leur répartition .
En ce qui concerne les TICE, on peut envisager une analyse/webquest du site, en partageant le travail par objectif: Il faut alors demander aux élèves de consulter le graphique qui donne la répartition géographique des résultats.

Il serait alors plus tentant d’utiliser les données pour construire un outil qui permette aux élèves de faire une analyse par région du monde.