Histoire-Géographie et Education Civique
(programme 1998-1999)
Une expression : " commerce triangulaire " en surligné bleu
Une petite carte : " sucre, café, coton, verroteries, esclaves " (1/4 de page)
– Paragraphe B. L’essor du commerce antlantique : 6 lignes avec le commerce triangulaire mentionné en gras.
– 1 texte : "Le Bois d’ébène", racontant les conditions de transport, extrait de l’historien africain (notons-le) Joseph Ki’Zerbo, Histoire de l’Afrique Noire, 1978. 1 carte (1/2 page) du grand commerce avant 1763. On y mentionne sucre, café, coton, et pacotilles. Le mot " esclave " est d’une autre couleur. On a voulu ne pas l’inclure dans la catégorie " produits " de la légende.
2. l’essor du grand commerce.
1 carte (1/2 page) " les Européens et le monde " avec entre autres le commerce
triangulaire.
– Les questions accompagnant les documents s’intéressent, entre autres, au nom du trafic et au rôle des ports
– P. 51 : dossier " patrimoine " : l’Encyclopédie. 1 planche technique : la sucrerie
A. La montée en force de la Grande Bretagne / B. Les nouvelles puissances de l’Est / C Un plus grand nombre d’Européens.
à la critique qe l’absolutisme, il parle donc davantage de mode de gouvernement que des libertés individuelles.
– Doc. 3 : portrait du banquier Samuel Bernard. Souvent représenté dans les manuels en tant qu’incarnation de la réussite de la grande bourgeoisie. On a ajouté la légende : " dirige la Compagnie de Guinée qui livre des esclaves à l’Amérique espagnole (…) "
– Doc. 1 (1/2 page) Vue de Bordeaux du côté des Salinieres par Joseph Vernet,
1759.
– Doc. 4 le commerce triangulaire : carte où apparaissent Gorée (qui n’est que secondaire dans la traite mais l’erreur, n’est pas grave au niveau de la 4e)
– Légende : 1 : étoffes, ustensiles de cuivre, d’étain, verroterie / 2 : Population noire destinée à être vendue comme esclave 3 : Produits coloniaux : sucre, tabac (enfin !), cacao, coton.
– Quatre lignes classiques dans le cours expliquent de nouveau ce que dit la carte. On mentionne l’enrichissement de Bordeaux, Nantes et Amsterdam
– Problème : les deux pages consacrées à la Révolution étasunienne n’emploient pas une seule fois les mots " noir ", le mot " esclave " ou le mot " exclus ", pas plus que " femmes ", " indiens " et " blancs non propriétaires ".
– Pages consacrées à louis XIV et à l’absolutisme : 2. Un État moderne
Un texte souvent présenté sur le mercantilisme. Aucune mention du Code Noir, ce qui n’a rien d’original : il est rarement mentionné lorsqu’un manuel évoque Colbert. Le paragraphe du récit mentionne les compagnies commerciales.
Toujours rien sur l’esclavage
Rien dans les pages consacrées aux Lumières et à l’Encyclopédie.
Belin – 1794 : rien – 1802 : rien – Dossier supplémentaire : rien
– 1848 : 2 mots importants en gras : abolition de l’esclavage
Hatier
– 1794 : rien – 1802 : rien – Dossier supplémentaire : rien – 1848 : 3 mots qui ne sont pas mis en caractère gras (on a aussi droit aux fautes de frappe, celle-là est gênante) : (le gouvernement) " abolit l’esclavage dans les colonies ".
Hachette – Dans la page consacrée à la Déclaration du 26 août 1789 :
2 p 62 : image assez connue intitulée " Moi Libre ", avec une légende précisant : " l’esclavage n’est pas aboli en 1789 mais en 1794. Il est rétabli par Napoléon en 1802. Il est aboli définitivement en 1848 " et l’on renvoie à la page 178. C’est bref mais précis. -1848 (page 178) : 3 mots en gras : abolit l’esclavage dans les colonies
– Parmi les auteurs : 1 agrégé d’Histoire de Nantes, 1 agrégé de Géographie de l’Université de Nantes. Seul manuel à associer tout de suite la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 avec la non-abolition.
Nathan
– 1794 : rien – 1802 : rien – Dossier supplémentaire : rien – 1848 : 2 mots en gras : " abolit l’esclavage ".
Bordas
– Dans la page consacrée à la Déclaration du 26 août 1789, doc. 5 : Toussaint Louverture, sabre au clair, avec la mention "se révolte à nouveau". C’est partiellement inexact car il est général et est de toute façon arrêté par traitrise des officiers français.
– 1848 : 3 mots en gras : " abolit l’esclavage aux colonies ".
Magnard – 1794 : rien – 1802 : rien
– Dossier supplémentaire (2 pages) : " La Révolution Hors d’Europe : Les Antilles "
– Chronologie, 4 images : La Traite (de Morland), Toussaint Louverture (sabre au clair), image de l »abolition de 1794 (musée Carnavalet), le débarquement de 1802, en Haïti. Erreur ou une simplification ? On laisse entendre que Toussaint Louverture demande l’indépendance que Napoléon refuse. Textes de Lacroix et Levasseur parallèlement à la mention du décret du 16 pluviôse an II. – 1848 : Tableau assez connu de Biard (Musée de Versailles), chronologie de 6 dates sur la révolution du 24 février 1848 au 27 avril 1848, dans le récit le mot " abolition " est en gras.
Magnard
– Une page " Regard sur l’histoire " intitulée " se battre pour les libertés " donne une chronologie. On y trouve une chronologie indiquant l’abolition de l’esclavage en 1791 (au lieu de 1794), le rétablissement de l’esclavage par Napoleon en 1802, l’abolition de 1848 et celle de 1865 (EU).
Nathan, collection " Demain citoyens "
Plus informatif que le vide du manuel d’Histoire-Géographie. Les acheteurs du manuel d’Histoire-Géographie choisiront-ils le même manuel d’Education Civique ?
– Double page " c’est arrivé ", thème : " de la servitude à la liberté individuelle ".
– 1 paragraphe " 50 siècles d’esclavages ", 1 autre : " du XVIIIe au XIXe : le
débat sur la légitimité de l’esclavage "
– Docs : 1 convoi d’esclaves (gravure connue), un texte " Colbert justifie la
Traite des Noirs ", extrait du Code noir, art sur l’esclave fugitif. Sous le texte la mention " Code Noir rédigé par Colbert en 1685 " (sic). En fait rédigé par Colbert avant sa mort en 1683 et achevé par ses successeurs pour être édité et ordonné en 1685.
– 2 questions dont " quel bouleversement de l’économie mondiale a pour conséquence la " traite des noirs " ?
-La photo, assez connue d’un homme attaché sous un filet au début du XXe.
– Tableau connu de 1848 et art. 1 du décret du 27 avril.
– Chronologie mentionnant 1794, 1802 et 1848.
– L’esclavage aujourd’hui.
Un manuel qui sauve l’honneur de Nathan.
Belin, suite du livre-cahier d’exercices de 5e : – Rien n’a été ajouté aux deux mots en gras du manuel d’Histoire-Géographie
Belin avec son couple de manuels HG-EC totalise 2 mots en gras pour 399 pages au total.
Hatier
– Chapitre " La conquête des libertés". Chronologie citant 1794, 1802, et 1848.
– Portraits des hommes qui ont élaboré les Droits de l’Homme : Locke, Rousseau.
et Thomas Jefferson.
Sans nier leur rôle, il faut noter les contradictions. – En ce qui concerne Locke, il s’agit, comme pour Montesquieu, d’un paradoxe puisque cet homme, qui a fait avancer la cause de la liberté dans le mode de gouvernement, participait également aux bénéfices de la traite en étant actionnaire de la Royal African Company, qui avait le monopole du commerce des Nègres.
– Pour Thomas Jefferson (planteur et propriétaire d’esclaves comme Madison et Washington), rédacteur de la déclaration d’indépendance des EU (1776), il faut rappeler que ce Président des Etats-Unis vendit ses esclaves pour les sanctionner " de leurs fautes ", séparant éventuellement des familles. Il les vendait également lorsqu’il manquait de trésorerie. Il en vendit 85 au moins entre 1784 et 1794 (Claude Fohlen, Histoire de l’esclavage aux Etats-Unis, Perrin, Paris, 1998, p. 95 sq.). Jefferson était abolitionniste pourvu que les noirs fussent les égaux des blancs, ce qu’il ne croyait pas, comme il l’exprima dans une lettre de 1814.
Sur Jefferson, ses préjugés racistes, sa condamnation du métissage et ses enfants métis :
Bordas " Objectif citoyen " :
Double page d’activités dans le chapitre consacré aux libertés
– 1. Observer une gravure : scène d’esclavage tirée de Chambon, Traité général du commerce de l’Amérique, 1783 (Mazarine, Paris). Liée à 6 questions dont l’une renvoie implicitement au manuel d’histoire et au commerce triangulaire – 2. Abolition de l’esclavage : Scène montrant l’abolition à la Réunion : les nouveaux citoyens rendent hommage au représentant de la République.
– art. 1 et 3 du décret du 27 avril Plusieurs d’entre nous oeuvrent pour que l’esclavage et ses abolitions aient la place qui leur revient (et pas plus) dans les manuels scolaires. Dans cette optique, quelles que soient ses autres qualités, le Belin est le plus insuffisant Complot colonialiste ? Ridicule. Censure ? Elle n’existe pas en tant que telle mais naît des impératifs du programme et de l’impossibilité de tout traiter. Ignorance ? C’est à mon avis ce troisième élément qui l’emporte. Ils savent que la traite a existé mais ne lui accordent visiblement pas l’importance qui lui revient. Or, les Droits de l’Homme sont au coeur du programme de 4e et l’esclavage est impliqué dans l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, ce que Nathan et Belin n’ont pas compris.