La question du territoire français fait partie des thèmes les plus abordés durant le cursus scolaire. Le livre sera particulièrement utile pour la classe de première générale ainsi que celle de première technologique.
Un compte-rendu du livre est disponible

http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article4610#.UcPk2JymXkE

Le choix de la carte

Le livre de Jacques Lévy pourra donc servir pour préparer les cours et on peut même envisager de faire travailler les élèves sur quelques extraits ou cartes. Cela nécessite une petite explication auprès d’eux sur ce que sont les cartogrammes. Parmi ceux disponibles dans le livre signalons la richesse des Français, la France ouvrière ou encore la France des transports publics. Il faut souligner que chaque carte est rapidement commentée au cœur de l’ouvrage. Ainsi pour celle des actifs page 74 et 75.
D’autres ressources selon le même principe sont à découvrir

http://www.journaldunet.com/economie/magazine/cartogramme/

La France en villes

La thèse centrale du livre de Jacques Lévy est de montrer l’urbanisation achevée de la France.
On pourra utiliser aussi la partie finale du livre intitulée « repères » comme pour le mot périurbain. Le reste est beaucoup plus délicat à manier car parfois un certain verbiage existe (article différence égalité). On pourra choisir cet extrait pour aller un peu plus loin avec les élèves sur la notion de périurbanisation (page 76 et 77) :  » …le choix périurbain est indissociable d’une stratégie familiale…c’est que pour beaucoup la constitution d’un patrimoine immobilier et la privatisation de l’espace pavillon-jardin-voiture vont de pair avec un projet de transmission sur la base d’une filiation. Les ménages d’une seule personne représentent l’exact inverse de la population périurbaine : locataires, usagers des transports publics, valorisant la position dans la ville et les pratiques culturelles plutôt que la possession de biens immobiliers ».
L’extrait suivant, toujours à propos de la périurbanisation, est assez détonnant. Nombre de nos élèves se trouvent dans cette situation et le portrait dressé pourrait les heurter. Il faut alors manier la nuance, la mise en perspective en montrant qu’il s’agit de tendances et non de généralités. Que dit Jacques Lévy ? :  » Il correspond au style de vie caractérisé par une forte privatisation de l’espace, tant dans ses lieux (peu d’espaces publics) que dans sa mobilité (domination écrasante de l’automobile). Dans ses couronnes proches des villes, il attire des personnes souvent aisées et dont le patrimoine immobilier est important. …Le périurbain est aussi le lieu où se trouve reportée la part du monde industriel la moins reliée à l’innovation, et la plupart des personnes qui résident dans les anneaux les plus éloignés des centres tendent à s’isoler du reste de la société. La réunion de toutes ces caractéristiques donne, sans surprise, un vote massif pour les partis tribunitiens, tout spécialement en faveur de l’extrême-droite. »
Le chapitre 3 aborde la question des ghettos urbains. On pourra enfin utiliser quelques passages de la partie propositions et notamment l’articulation en cinq niveaux exposée page 185.

Les territoires ultra-marins

Le cas de l’outre-mer est abordé page 149. On pourrait donner cet extrait du livre qui est court et percutant :  » « Confettis de l’Empire », ils illustrent parfaitement la compensation typiquement géopolitique de la dépendance par la subvention : ne produisant que 37 % (une valeur gonflée par le fait que les salaires des fonctionnaires constituent ici une part essentielle de la « production » locale) de ce que produit un Francilien, ils atteignent près de 50 % de son revenu. On achète ainsi, avec plus ou moins de bonheur, leur adhésion à l’Etat français sans les aider à sortir de leur sous-développement structurel. » Un tel extrait fera sans doute réagir et pourrait lancer le cours.

La question de la santé

Ce thème peut constituer un exemple dans le cadre de la première générale mais est aussi abordé par la série ST2S en 1ère avec la question  » soigner en France ». Le débat sur l’accès aux hôpitaux revient régulièrement dans le débat et souvent à l’occasion de faits divers tragiques. Pourtant Jacques Lévy pose quelques principes simples en soulignant par exemple qu’il paraît plus logique de raisonner en terme de temps d’accès ».
La carte 26 page 101 se révélera particulièrement utile et pourrait être travaillée avec les élèves. Elle est extraite des travaux d’Emmanuel Vigneron. On pourra d’ailleurs compléter avec cet extrait accessible en ligne gratuitement sur Sciences humaines.

Jacques Lévy souligne bien qu’il faut introduire des différences entre les maladies ou troubles mais que  » la géographie des solutions est donc une autre géographie que celle qui prévaudrait si on imaginait un espace uniforme et fixe ». Il plaide pour la complexité dans l’approche de cette question car l’offre de soins mesurée en terme de densité médicale ou de temps d’accès aux soins est loin d’épuiser la question : quid de la prévention, des modes de vie ? Le Nord-Pas-de-Calais a beaucoup de médecins et d’hôpitaux très accessibles, mais la région obtient des résultats faibles en matière d’espérance de vie en bonne santé.

Ce ne sont là que quelques propositions d’un ouvrage fort riche sur le plan de la réflexion et qui, en plus, peut être utilisé moyennant quelques précautions avec les élèves. On pourra aussi le conseiller à ceux qui voudraient aller plus loin.

Jean-Pierre Costille, © Clionautes.