Un texte intéressant qui permet de présenter la guerre froide en évitant les deux textes sur utilisés de Truman et de Jdanov que certains parmi nous utilisent tous les ans depuis plus d’un quart de siècle…

On trouvera à la fin du texte original une proposition de commentaire de texte ( à partir d’extraits) et les questions qui vont avec…

L’ouvrage dont le texte est extrait peut-être demandé en service de presse… Il pourrait être commandé par les cabinets d’histoire et donner lieu à une présentation dans le Labo.

Ce discours se trouve initialement sur ce site

http://www.andreversailleediteur.com/?livreid=704

Joseph Mc Carthy, 9 février 1950

Des communistes au département d’état

Mesdames et messieurs,

Ce soir, alors que nous célébrons le cent quarante et unième anniversaire de l’un des plus grands hommes de l’histoire américaine3, j’aimerais pouvoir dire combien ce jour est un jour glorieux dans l’histoire du monde. Alors que nous célébrons la naissance de cet homme qui haïssait la guerre au plus profond de son coeur et de toute son âme, j’aimerais pouvoir parler de la paix à notre époque, de proscription des guerres
et du désarmement mondial. Ces thèmes constitueraient des points opportuns à pouvoir mentionner alors que nous célébrons l’anniversaire d’Abraham Lincoln.
Cinq ans après avoir gagné une guerre mondiale, le coeur des hommes devrait se réjouir à l’avance d’une longue période de paix et l’esprit des hommes devrait être libéré du lourd fardeau que sous-tend la guerre.

Mais nous ne connaissons pas une telle période – car ceci n’est pas une période de paix. C’est une période de « guerre froide ». C’est une période qui voit le monde entier divisé en deux vastes camps armés de plus en plus hostiles – une période de course acérée à l’armement. Aujourd’hui, nous pouvons presque physiquement entendre les murmures et les grondements d’un dieu de la guerre ragaillardi. Vous pouvez le voir, le sentir et l’entendre tout au long du chemin allant des collines d’Indochine, des côtes de Formose jusqu’en plein cœur de l’Europe elle-même.
La seule chose encourageante est que le « moment fou » n’est pas encore venu pour la mise à feu de l’arme ou l’explosion de la bombe qui entraînera la civilisation à s’atteler à sa tâche finale, à savoir sa propre destruction. Il existe toujours un espoir de paix si nous décidons enfin que nous ne pouvons plus faire la sourde oreille et fermer les yeux sur ces faits qui s’enveniment de plus en plus. Et nous devons comprendre que
nous sommes maintenant engagés dans une épreuve de force – non pas une guerre normale entre deux nations pour des territoires ou d’autres profits matériels, mais une guerre entre deux idéologies diamétralement opposées.

La différence majeure entre notre monde chrétien occidental et le monde communiste athée n’est pas politique, mesdames et messieurs, elle est morale. D’autres différences nous séparent bien sûr, mais celles-là pourraient être conciliées. Par exemple, l’idée marxiste de confiscation des terres et des usines, et de gestion de la totalité de l’économie comme une seule entreprise est primordiale. De même, l’invention par Lénine de l’État policier à parti unique pour mettre en œuvre l’idée de Marx n’est guère moins capitale. La résolution de Staline de bien faire passer ces deux idées a bien entendu compté pour beaucoup dans le mouvement de division du monde. Si seules ces différences les séparaient cependant, l’Est et l’Ouest pourraient très certainement vivre en paix.
La différence fondamentale, cependant, réside dans le culte de l’immoralisme – inventé par Marx, prêché fiévreusement par Lénine et conduit à d’inimaginables extrêmes par Staline. Si la moitié rouge du monde triomphait – et elle le pourrait bien, mesdames et messieurs –, ce culte de l’immoralisme blessera et sera dommageable à l’humanité
plus profondément que tout autre système économique ou politique imaginable.
Karl Marx a rejeté Dieu comme un canular, et Lénine et Staline ont ajouté dans un langage clair et indubitable leur résolution selon laquelle aucune nation, aucun peuple qui croit en Dieu ne peut exister côte à côte avec leur État communiste.
Karl Marx, par exemple, a exclu de son Parti communiste ceux qui avaient mentionné des termes tels que amour, justice, humanité ou moralité. Il appelait cela « délires sentimentaux » et « sensibleries à l’eau de rose ».

À l’époque où Lincoln était un homme relativement jeune, à la fin de la trentaine, Karl Marx se vantait du fait que le spectre communiste hantait l’Europe. Depuis lors, des centaines de millions de personnes et de vastes régions du monde sont tombées sous la domination communiste.
Aujourd’hui, moins de cent ans après la mort de Lincoln, Staline se vante du fait que ce spectre communiste ne hante pas seulement le monde, mais est sur le point de le conquérir. Aujourd’hui, nous sommes engagés dans une lutte finale, totale, entre
l’athéisme communiste et la chrétienté. Les champions modernes du communisme
ont décidé que le moment était venu.

Et mesdames et messieurs, le moment est crucial – je vous le dis, il est extrêmement crucial.
Si on doute encore du fait que le moment a été choisi, il suffit de se tourner vers le dirigeant du communisme actuel – Joseph Staline.
Voici ce qu’il a dit – non pas en 1928, non pas avant la guerre, non pas durant la guerre – mais deux ans après la fin de la dernière guerre :« Penser que la révolution communiste peut être faite dans le calme, à l’intérieur de la structure d’une démocratie chrétienne signifie qu’on a soit perdu la tête et tout entendement normal, ou rejeté grossièrement et ouvertement l’idée d’une révolution communiste. »
Et voici ce qui a été dit par Lénine en 1919, ce qui a été également repris avec approbation par Staline en 1947 : « Nous vivons, dit Lénine, non seulement dans un État, mais dans un système d’États et l’existence de la République soviétique côte à côte avec les États chrétiens pendant longtemps est impensable. L’un ou l’autre doit triompher à la fin. Et avant que ce moment n’arrive, une série de conflits effroyables entre la République soviétique et les États bourgeois sera inévitable. »

Mesdames et messieurs, se peut-il qu’il y ait ce soir ici quelqu’un qui soit à ce point aveugle pour dire que la guerre n’est pas à notre porte ?
Peut-il y avoir quelqu’un qui ne parvienne pas à réaliser que le monde communiste a dit: « Le moment est venu » – que ceci est le moment de l’épreuve de force entre le monde chrétien démocratique et le monde athée communiste ? Si nous n’admettons pas ce fait, nous payerons le prix pour avoir attendu trop longtemps.
Il y a six ans, au temps de la première conférence pour la paix – à Dumbarton Oaks – il y avait dans l’orbite soviétique 180 millions de personnes. Il y avait à cette période-là, dans le monde libre, environ 1 625 000 000 de personnes. Aujourd’hui, seulement six ans plus tard, 800 millions de personnes se trouvent sous la domination absolue de
la Russie soviétique – une augmentation de plus de 400 pour cent. De notre côté, les chiffres ont chuté pour atteindre environ 500 millions. En d’autres termes, en moins de six ans, la cote est passée de neuf contre un pour nous à huit contre cinq contre nous. Ceci indique la rapidité du tempo des victoires communistes et des défaites américaines pendant la guerre froide. Comme une de nos grandes figures historiques l’a dit un jour : « Lorsqu’une grande démocratie est détruite, ce n’est pas à cause de ses ennemis du dehors, mais plutôt à cause de ses ennemis du dedans. » La véracité de cette déclaration saute aux yeux alors que nous voyons ce pays perdant chaque jour sur tous les fronts. À la fin de la guerre, nous étions physiquement la nation la plus forte sur terre et au moins potentiellement la plus puissante intellectuellement et moralement. Nous aurions pu miser tout sur l’honneur d’être une balise dans le désert de la destruction, une preuve éclatante que la civilisation n’était pas encore prête à s’autodétruire. Malheureusement nous n’avons misérablement et tragiquement pas
réussi à saisir l’occasion.

La raison pour laquelle nous nous trouvons dans une position d’impuissance n’est pas que la seule grande puissance ennemie ait envoyé des hommes pour envahir nos côtes, mais plutôt les agissements déloyaux de ceux qui ont été si bien traités par cette nation. Ce ne sont pas les moins chanceux ou les membres de minorités qui ont vendu et continuent à vendre notre nation, mais plutôt ceux qui ont profité de tous
les avantages que la nation la plus riche au monde avait à leur offrir – les plus belles maisons, le meilleur enseignement universitaire et les meilleures fonctions d’État que nous pouvions offrir.
Cela se vérifie de manière évidente au département d’État. Là ; les jeunes hommes brillants nés avec une cuillère d’argent dans la bouche, ont été les pires.
[…]
À mon sens, le département d’État, qui est l’un des départements gouvernementaux le plus importants, est complètement infesté de communistes. J’ai ici en main une liste de 205… une liste de noms qui ont été divulgués au secrétaire d’État comme étant des membres du Parti communiste et qui, néanmoins, sont toujours en poste et façonnent
toujours la politique du département d’État.

version élève

Joseph Mc Carthy, 9 février 1950

Des communistes au département d’état

Mesdames et messieurs,

Cinq ans après avoir gagné une guerre mondiale, le cœur des hommes devrait se réjouir à l’avance d’une longue période de paix et l’esprit des hommes devrait être libéré du lourd fardeau que sous-tend la guerre.
Mais nous ne connaissons pas une telle période – car ceci n’est pas une période de paix. C’est une période de « guerre froide ». C’est une période qui voit le monde entier divisé en deux vastes camps armés de plus en plus hostiles – une période de course acérée à l’armement. […]
Aujourd’hui, nous pouvons presque physiquement entendre les murmures et les grondements d’un dieu de la guerre ragaillardi. Vous pouvez le voir, le sentir et l’entendre tout au long du chemin allant des collines d’Indochine, des côtes de Formose jusqu’en plein coeur de l’Europe elle-même.
La seule chose encourageante est que le « moment fou » n’est pas encore venu pour la mise à feu de l’arme ou l’explosion de la bombe qui entraînera la civilisation à s’atteler à sa tâche finale, à savoir sa propre destruction.
[…] nous devons comprendre que nous sommes maintenant engagés dans une épreuve de force – non pas une guerre normale entre deux nations pour des territoires ou d’autres profits matériels, mais une guerre entre deux idéologies diamétralement opposées. […]
Comme une de nos grandes figures historiques l’a dit un jour : « Lorsqu’une grande démocratie est détruite, ce n’est pas à cause de ses ennemis du dehors, mais plutôt à cause de ses ennemis du dedans. » La véracité de cette déclaration saute aux yeux alors que nous voyons ce pays perdant chaque jour sur tous les fronts.[…]
La raison pour laquelle nous nous trouvons dans une position d’impuissance n’est pas que la seule grande puissance ennemie ait envoyé des hommes pour envahir nos côtes, mais plutôt les agissements déloyaux de ceux qui ont été si bien traités par cette nation. Ce ne sont pas les moins chanceux ou les membres de minorités qui ont vendu et continuent à vendre notre nation, mais plutôt ceux qui ont profité de tous
les avantages que la nation la plus riche au monde avait à leur offrir – les plus belles maisons, le meilleur enseignement universitaire et les meilleures fonctions d’État que nous pouvions offrir.
Cela se vérifie de manière évidente au département d’État. Là ; les jeunes hommes brillants nés avec une cuillère d’argent dans la bouche, ont été les pires.
[…]
À mon sens, le département d’État, ministère des affaires étrangères qui est l’un des départements gouvernementaux le plus importants, est complètement infesté de communistes. J’ai ici en main une liste de 205… une liste de noms qui ont été divulgués au secrétaire d’État comme étant des membres du Parti communiste et qui, néanmoins, sont toujours en poste et façonnent toujours la politique du département d’État.

Questions

1. Présenter l’auteur de ce discours. Quel a été son rôle politique ?

2. Quelle est la situation internationale au moment où il prononce ce discours ? Précisez le sens de la phrase en italiques.

3. Quelle est la réalité du risque qu’il dénonce ?

4. Quelles ont été les conséquences de l’action de Mc Carthy aux États-Unis ?