Seconde République (1848-1851/1852)
La Seconde République naît en février 1848, à l’issue des émeutes parisiennes qui ont suivi la campagne des banquets.
Du 24 février au 4 mai 1848, la République est gouvernée par un gouvernement provisoire, en attendant l’élection d’une assemblée chargée de rédiger une constitution.
Les révolutionnaires ont, pour une grande part d’entre-eux, l’intention de refaire la grande révolution en évitant les erreurs de 1793-1794 : le sang versé dans la répression, la guerre civile ou la guerre de conquête. Le gouvernement provisoire compte une aile gauche socialiste (Louis Blanc), des démocrates comme Ledru-Rollin, et une aile droite républicaine modérée représentée par Marie ou Arago. C’est dans ce contexte incertain que Schœlcher, qui seconde Arago, publie le 4 mars son décret préparatoire à l’abolition de l’esclavage.
Le gouvernement ouvre également des Ateliers nationaux pour les ouvriers sans travail à la suite de la crise économique.
Élue au suffrage universel, la Constituante siège au Palais-Bourbon à partir du 5 mai 1848. Elle élit une Commission Exécutive chargée de gouverner la France. Cette commission de cinq membres compte, dans l’ordre décroissant du nombre de voix obtenues, Arago, Garnier-Pagès, Marie, Lamartine et Ledru-Rollin. Il n’y a plus de socialistes.
Le 15 mai 1848, l’Assemblée est envahie par des manifestants menés par Barbès, Blanqui et Albert. En juin 1848, la fermeture des Ateliers nationaux déclenche des émeutes ouvrières. Au moment où sont proclamées aux Antilles et en Guyane, les abolitions de l’esclavage, la tendance est de plus en plus à une république conservatrice. Les 23, 24 et 25 juin, le général Cavaignac, ministre de la Guerre, met fin aux émeutes par une répression sanglante.
Du 24 juin au 20 décembre 1848, la France est gouvernée par Eugène Cavaignac, nommé chef de l’Exécutif. Environ 15 000 hommes sont déportés en Algérie. Des procès sont engagés contre des députés comme Louis Blanc.
Le 10 décembre 1848, le suffrage universel masculin porte Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, à la présidence de la République. Il entre en fonction le 20 décembre, le jour où le le décret d’abolition du 27 avril est enfin proclamé à la Réunion,
Louis-Napoléon Bonaparte est le premier Président de la République. C’est également le premier qui fût élu au suffrage universel (au sens masculin à cette époque). Il faut attendre 1965 pour qu’un Président de la République soit de nouveau élu au suffrage universel.
Le 2 décembre 1851, anniversaire du sacre de Napoléon 1er (2 décembre 1804) et de la bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805), le Président de la République disperse l’Assemblée. Conformément à la Constitution (art. 68 et 110), Parisiens et citadins de province et paysans lui opposent une résistance républicaine armée. Mais, ignorant la Constitution tout en obéissant aux ordres de ses chefs, l’armée refuse l’autorité légale de l’Assemblée et prend le parti du Prince-Président, réprimant dans le sang la résistance armée légale. Le 2 décembre 1852, celui-ci devient empereur sous le nom de Napoléon III, bien que le second du nom n’ait jamais régné. La défaite militaire de 1870 met fin au régime et amène l’avènement d’une Troisième République.