ALPHONSE DE LAMARTINE (Mâcon, 1790 - Paris, 1869)
Avec Ledru-Rollin, Lamartine forme le centre du gouvernement provisoire dont il est, non seulement le ministre des Affaires étrangères, mais aussi le véritable chef, malgré la présence de Dupont de l'Eure. Le parcours politique de ce poète, écrivain et historien romantique est atypique. Avec Arago, il est le seul homme à s'être fait connaître autrement que par la politique. Sous la Restauration (1815-1830), il est ambassadeur auprès du Grand-Duc de Toscane. Lamartine est d'une grande ferveur religieuse et d'une profonde conviction royaliste. Il est alors, proche de la droite ultraroyaliste et chante, en 1824-1825, le sacre de Charles X à Reims. Il garde cette sensibilité politique jusqu'au début de la Monarchie de Juillet pour évoluer ensuite vers des positions plus centristes en se faisant l'apôtre d'un christianisme libéral et social. En 1834, il prononce à la Chambre un discours en faveur de la colonisation de l'intérieur de l'Algérie, conquise en 1830. Il s'agit alors, à ses yeux, d'une lutte de l'Occident chrétien contre le « mahométisme » et de la civilisation contre la barbarie.
LOUIS ANTOINE GARNIER-PAGÈS (Marseille, 1803 - Paris, 1878)
Frère d'un autre chef républicain qui était député sous la Monarchie de Juillet. Il est élu député en 1842 et siège à l'extrême-gauche avec les autres « radicaux », terme désignant alors les républicains. Ce grand bourgeois de Paris est proche du journal Le National et participe en 1847 à la campagne des banquets. Ministre des Finances du gouvernement provisoire, il est également nommé maire de Paris. Sa réforme fiscale le rend impopulaire mais il est quand même élu député de la Seine en mai 1849, ce qui lui permet d'être un des 5 élus à la Commission exécutive qui gouverne la France. Il doit attendre de 1849 à 1864 pour être réélu comme opposant au second Empire. Il obtient un nouveau mandat parlementaire en 1869, participe au gouvernement de défense nationale en 1871 et échoue de nouveau aux élections de 1873. Il a publié une Histoire de la Révolution de 1848, parue en 1860-1872.
PIERRE MARIE dit « MARIE » (Auxerre, 1795 - Paris,
1870)
Sous la Monarchie de Juillet, il est député de la gauche dynastique ou « Parti du mouvement », favorable à une monarchie plus libérale (1842). En 1848, il incarne, comme ministre des Travaux Publics, la tendance des républicains modérés, aile droite du gouvernement provisoire. C'est lui qui organise les Ateliers nationaux, avec l'idée qu'ils peuvent servir de contrepoids à l'essor du mouvement socialiste. Dans le gouvernement Cavaignac (24 juin-20 décembre 1848), plus marqué à droite que le gouvernement provisoire, il est ministre de la Justice. Après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, il s'oppose à Louis-Napoléon Bonaparte et siège avec l'opposition libérale.
JACQUES DUPONT dit « DUPONT DE L'EURE »
(Le Neubourg, 1767 - Rouge-Perriers, 1855)
Imaginons la participation au gouvernement de la France des années 2010-2020, d'un homme qui était déjà député au milieu des années 1950 (un Guy Mollet, un Mendès-France, un Mitterrand). Dupont de l'Eure, est le doyen et la mémoire historique du gouvernement provisoire. Il a vécu des événements que les autres membres du gouvernement n'ont pas pu connaître. Né deux ans avant Napoléon Ier (1769-1821), Dupont était sous Louis XVI, un jeune avocat au Parlement de Normandie. Il était membre du conseil des Cinq-cents au temps du coup d'Etat du 18 brumaire. Il siège au Corps législatif en 1813 puis à la Chambre des Représentants pendant les Cent-Jours. Au début de la Restauration, il siège dans l'opposition de gauche. Sous Charles X, proche de l'extrême-droite ultra, les députés de la gauche ne sont plus qu'une quinzaine et sont baillonnés. A l'instar de La Fayette ou d'autres libéraux, Dupont se tourne vers le mouvement clandestin de la Charbonnerie. Sous la Monarchie de Juillet, il est ministre de la Justice puis retourne dans l'opposition.
En 1848, il est nommé président du gouvernement provisoire mais il y est moins influent que Lamartine.
ALEXANDRE MARTIN DIT « ALBERT » ou « L'OUVRIER » (Bury, 1815- Mello, 1895),
Avec Blanc, Il incarne l'aile gauche d'un gouvernement provisoire dont tous deux sont les benjamins. Ouvrier mécanicien et socialiste, il a participé à la révolution de 1830, aux événements de mai 1839 et à la révolution de février 1848. Il est également le fondateur du journal L'Atelier. Il est ministre sans portefeuille dans le gouvernement de février 1848. Il est avec Barbès et Blanqui un des instigateurs de l'insurrection du 15 mai 1848 qui voit une foule nombreuse envahir le Palais-Bourbon où siège l'Assemblée constituante. Barbès profite de cette occasion (Pointe-à-Pitre, 1809 - La Haye, 1870) pour monter à la tribune où il tente de proclamer un nouveau gouvernement. Condamné à cette occasion, Albert est amnistié en 1859.
ARMAND MARRAST (Saint-Gaudens, 1801 - Paris, 1852)
En 1830, Marrast dirige le journal La Tribune, opposé à Charles X. Républicain affirmé sous la monarchie de Juillet, il continue d'écrire à la Tribune (1830-1835). En 1841, il prend la direction du National, journal d'origine orléaniste passé à l'opposition.
Marrast est un des organisateurs du banquet du 22 février 1848 qui fut l'un des événements-clefs de la révolution. Membre du gouvernement et député modéré
à la Constituante (avril 1848), il est l'un des rédacteurs de la constitution de la Seconde République en novembre 1848. La même année, le National passe sous la direction de Cavaignac avant d'être interdit à la suite du coup d'Etat du 2 décembre 1851.
ISAAC DIT «ADOLPHE » CREMIEUX (Nîmes, 1796 - Paris, 1880)
Avocat, député d'opposition sous la Monarchie de Juillet, il est le ministre de la Justice du gouvernement provisoire. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la Présidence de la République. Réélu à l'Assemblée Législative en 1849, il s'oppose à Louis-Napoléon, ce qui lui vaut d'être emprisonné après le coup d'Etat perpétré par le premier Président de la République française, le 2 décembre 1851. Député d'extrême-gauche en 1869, lorsque le régime se libéralise, il redevient ministre de la Justice dans le gouvernement de Défense nationale de 1870. Il fait adopter à cette occasion le décret attribuant aux juifs d'Algérie la citoyenneté française (1870).
ALEXANDRE LEDRU-ROLLIN (Paris, 1807 - Fontenay-aux-Roses, 1874)
Avocat. Il acquiert sa notoriété sous la Monarchie de Juillet en défendant des journalistes condamnés après les insurrections républicaines de 1832. En 1841, il est élu député et siège à l'extrême-gauche, où se regroupe tous les républicains de la Chambre. Fondateur du journal la Réforme, où l'on retrouve Louis Blanc, Ledru-Rollin est ministre de l'Intérieur dans le gouvernement provisoire puis membre de la Commission exécutive (5 mai-24 juin 1848) qui succède à ce gouvernement. Exclu du pouvoir lors de la réaction qui suit les journées d'émeutes ouvrières de juin 1848, il est battu à l'élection présidentielle du 10 décembre 1848 par le Prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, élu au suffrage universel masculin. En mai 1849, il est élu à l'Assemblée législative. Il y prend la tête de la gauche montagnarde opposée à Louis-Napoléon Bonaparte. Le 13 juin 1849, il appelle le peuple de Paris à protester contre l'engagement de l'armée française à Rome, cet engagement étant contraire à l'esprit du préambule de la Constitution :
« Art. V : La République respecte les nationalités étrangères comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple »Comme souvent lorsqu'il s'agit de politique étrangère, la manifestation mobilise peu de monde. Elle est dispersée par l'armée. Ledru-Rollin doit se cacher puis s'exile jusqu'en 1871. Il est élu à l'Assemblée Nationale mais refuse de siéger puis siège de nouveau après sa réélection en 1874. Il a laissé son nom à une station du métro parisien.
FERDINAND FLOCON (Paris, 1800 - Lausanne, 1866)
Publiciste, il est en 1845 rédacteur en chef du journal La Réforme fondé par Ledru-Rollin, Ministre de la Guerre du gouvernement provisoire de février 1848. Il passe alors pour un homme peu bavard que les caricaturistes représentent en se contentant de dessiner sa pipe. On peut l'ajouter à Albert et Blanc dans le groupe le plus à gauche du gouvernement. Député à l'Assemblée constituante (4 mai 1848 - 29 janvier 1849). Il vit en exil après le coup d'Etat perpétré le 2 décembre 1851 par Louis-Napoléon Bonaparte, premier Président de la République française.
LOUIS BLANC (Madrid, 1811- Cannes, 1882)
Fils d'un inspecteur général des finances de Joseph Bonaparte, placé sur le trône d'Espagne par son frère Napoléon Ier. Il connaît une enfance difficile après la chute de Napoléon (1814-1815). Juriste de formation, il collabore au Progrès du Pas-de-Calais. Installé à Paris peu après la révolution de 1830, il collabore au National, devient rédacteur en chef
du
Bon Sens, puis fonde la Revue du Progrès (1839-1842) avant de participer à la Réforme. Il se fait connaître en menant campagne pour le suffrage universel. Son ouvrage politique le plus connu est L'organisation du travail, paru d'abord sous forme d'articles dans la Revue du Progrès et plusieurs fois réédité. Il y défend l'idée du droit au travail. Il se fait également historien de la Monarchie de Juillet et de la Révolution française, dans une uvre où il prend la défense de Robespierre (écrite entre 1847 et 1862)
Dans le gouvernement de février 1848, Blanc est l'homme le plus à gauche avec l'ouvrier Albert. C'est cette aile gauche du pouvoir qui a la confiance des foules révolutionnaires. Son projet socialiste, déformé par le gouvernement, donne naissance aux Ateliers nationaux dont la fermeture entraîne les émeutes de juin 1848. Il est alors accusé d'avoir inspiré les troubles, et doit s'enfuir en Angleterre. Il y demeure jusqu'en septembre 1870. Sous la IIIe République, il est de nouveau élu député (1871-1876).
FRANÇOIS ARAGO (Estagel, 1786 -Paris, 1853),
Originaire des Pyrénées, c'est le scientifique du gouvernement. Il y détient deux portefeuilles : la Guerre et la Marine, dont dépendent les colonies jusqu'en 1881. Aux yeux des observateurs c'est aussi un des « hommes du National », l'aile droite libérale du gouvernement. Physicien et astronome brillant, Arago est membre de l'Académie des Sciences, professeur à l'Ecole Polytechnique, Directeur de l'Observatoire et du Bureau des Longitudes. De 1830 à 1848 (Monarchie de Juillet), Arago siège comme député de gauche. Son choix de Schlcher comme secrétaire d'Etat aux Colonies est déterminant dans la décision d'abolir l'esclavage dans un contexte politique instable. Elu à l'Assemblée Constituante, il est membre de la Commission exécutive (5 mai - 24 juin 1848) qui succède au gouvernement provisoire.
Arago quitte la France après le coup d'Etat perpétré le 2 décembre 1851 par le Président de la République Louis Napoléon Bonaparte.
Lexique
Gauche-droite :
Le passage de la gauche à la droite ne signifie pas nécessairement un changement d'opinion. Sous la Restauration, la droite est ultraroyaliste et la gauche favorable à la monarchie constitutionnelle. L'extrême-gauche est plus libérale et même républicaine mais ne le dit pas. La droite ultra tend à disparaître sous la Monarchie de Juillet ou à se fondre dans une droite légitimiste, partisane de la dynastie des Bourbons.
Les députés plus libéraux et les plus démocrates sont alors des hommes de gauche, proches du journal Le National.
En 1848, l'ancienne extrême-gauche républicaine est divisée entre socialistes, républicains démocrates et républicains modérés. On trouve à droite le Parti de l'Ordre, qui regroupe tous les conservateurs hostiles au suffrage universel et les royalistes de toutes tendances.
A gauche, la montagne, par référence aux montagnards de 1793-1794, regroupe les démocrates (partisans du suffrage universel masculin) aussi appelés « rouges » ou démoc.-soc. (démocratie sociale). On y trouve Victor Schlcher, Victor Hugo et quelques socialistes.
Le gouvernement provisoire est le plus à gauche de tous les gouvernements de 1848. La Commission exécutive puis le gouvernement de Cavaignac marquent un glissement à droite avec l'éviction des socialistes puis des démocrates
Monarchie de Juillet (1830-1848) - Règne de Louis-Philippe, Roi des Français :
Nom donné au régime politique mis en place à la suite de la révolution de juillet 1830. Surnommés « les Trois Glorieuses», les trois jours de révolution, 27-28-29 juillet 1830 mettent fin au pouvoir de Charles X.
Louis-Philippe d'Orléans, monte sur le trône comme Roi des Français et non Roi de France. Le titre de roi des Français avait déjà été porté par Louis XVI, monarque constitutionnel en 1789-1792. Louis-Philippe, qui a participé autrefois à la révolution de 1789, décide d'adopter le drapeau tricolore, bleu-blanc-rouge, qui fut celui de la France en 1789-1814-1815. Sous la Monarchie de Juillet, le Roi des Français, gouverne toujours selon les principes de la Charte de 1814, mais de façon plus libérale.
Les Trois Glorieuses ont été immortalisées par le peintre romantique Delacroix, auteur du tableau intitulé La liberté guidant le Peuple (1831) qui exalte le mouvement révolutionnaire du peuple et non une Monarchie de Juillet passant pour avoir confisqué la révolution et empêché l'avènement de la République.
En 1847, l'interdiction des réunions politiques amènent les opposants à organiser des banquets qui sont de véritables rassemblements politiques. La Monarchie de Juillet prend fin en février 1848, après les émeutes qui ont succédé aux banquets.
Italie
L'Italie a été autrefois partagée en plusieurs Etats appartenant à l'Autriche, à l'Espagne ou au Pape. Le royaume de Piémont-Sardaigne projette d'unifier sous sa direction toute la nation italienne. Au moment de la présidence de Louis-Napoléon, les Piémontais viennent de subir deux défaites contre les Autrichiens. A Rome, le pape a été chassé par une révolution démocratique favorable à l'unité nationale. Louis-Napoléon intervient au départ pour servir d'arbitre. Peu à peu, il utilise l'événement pour se concilier la droite française : les catholiques du Parti de l'Ordre. Conduite par le général Oudinot (celui qui a donné son nom à la rue de Paris où est installée l'administration, en charge de l'Outre-Mer), l'armée française intervient donc à Rome contre les patriotes italiens, pour rétablir le Pape. Cette politique déplait à la gauche française : les républicains du Parti de la montagne.
Devenu empereur, Louis-Napoléon, aide les Italiens afin de recevoir en échange Nice et la Savoie (1859).
Orléanistes, orléanisme
Partisans d'une monarchie constitutionnelle assez libérale sous la conduite d'un roi de la famille d'Orléans, branche cadette de la famille capétienne (Louis-Philippe duc d'Orléans). Hostiles au suffrage universel, les orléanistes sont près à s'accomoder d'une république socialement conservatrice et économiquement libérale. Ils se distinguent des légitimistes, partisans d'une monarchie traditionaliste conduite par les Bourbons, branche aînée de la dynastie capétienne. Contrairement aux légitimistes, fidèles au drapeau blanc, les orléanistes sont partisans du drapeau tricolore. En 1848, les orléanistes sont une des composantes de la droite (Parti de l'Ordre).
Parlement
Ce mot est un faux ami. Dans l'Ancien-Régime (avant 1789), un Parlement est une cour de justice, c'est à dire un tribunal. Ex : le Parlement de Paris, le Parlement de Rennes, etc.
Ces parlements enregistraient les édits et les ordonnances du roi. On y rendait la justice en fonction de ces lois décidées par le roi seul. Aujourd'hui un parlement est une assemblée de représentants du peuple. Ex : le parlement français est composé d'une Assemblée Nationale et d'un Sénat. Le parlement de 1848 était composé d'une seule chambre : l'Assemblée constituante puis législative.
Restauration (1814/1815-1830),
Règnes de Louis XVIII, roi de France (1814/1815-1824) ; Charles X, roi de France (1824-1830) :
En 1814, à la suite des défaites de Napoléon Ier, la France est envahie. Louis XVIII de Bourbon, comte de Provence, frère de Louis XVI (guillotiné le 21 janvier 1793), monte sur le trône, considérant qu'il s'agit de la 18e année de son règne (le petit Louis XVII est vraisemblablement décédé en 1795 à la prison du Temple). 25 ans après 1789, Louis XVIII doit arbitrer entre les ultraroyalistes, partisans d'un retour à l'Ancien-Régime, et une France qui a bien changé. A l'instar des rois médiévaux, il octroie au peuple une charte. A la vérité, ce « cadeau » au peuple n'est qu'une façon d'accepter l'idée de constitution en évitant d'avoir à revenir sur 25 ans d'histoire. C'est trop pour la droite ultraroyaliste et peu pour la gauche libérale, obligée d'accepter le retour du drapeau blanc qui avait disparu en 1789. Exilé à l'île d'Elbe, Napoléon revient au pouvoir en 1815, pendant trois mois (les Cent-Jours) mais doit de nouveau s'exiler après Waterloo.
A partir de 1820, la droite ultra acquiert de plus en plus d'influence au gouvernement. En 1824, Charles, comte d'Artois, succède à son frère Louis. Proche des ultras, il pratique une politique cléricale et réactionnaire. Il se fait sacrer à Reims en 1825 et renoue avec les pratiques magico-religieuses (le toucher royal des malades des écrouelles) fortement mises en doutes au temps de Louis XV et Louis XVI. En 1827, intervient une première tentative pour supprimer la liberté de la presse : « la loi de justice et d'amour ». En 1830, il tente de rassembler l'opinion autour de la conquête de l'Algérie à la suite du coup d'éventail du Dey d'Alger à l'ambassadeur de France (celui-ci réclamait en vain le paiement d'une dette contractée en 1795, quand Alger prêtait des tonnes de blé pour combattre la disette en France).
Le 26 juillet 1830, Charles X publie les quatre ordonnances censées baillonner l'opposition libérale. Le soulèvement de Paris l'oblige à s'enfuir.
Seconde République (1848-1851) :
La Seconde République naît en février 1848, à l'issue des émeutes parisiennes qui ont suivi la campagne des banquets.
Du 24 février au 4 mai 1848, la République est gouvernée par un gouvernement provisoire, en attendant l'élection d'une assemblée chargée de rédiger une constitution.
Les révolutionnaires ont, pour une grande part d'entre-eux, l'intention de refaire la grande révolution en évitant les erreurs de 1793-1794 :le sang versé dans la répression, la guerre civile ou la guerre de conquête. Le gouvernement provisoire compte une aile gauche socialiste (Louis Blanc), des démocrates comme Ledru-Rollin, et une aile droite républicaine modérée représentée par Marie ou Arago. C'est dans ce contexte incertain que Schlcher, qui seconde Arago, publie le 4 mars son décret préparatoire à l'abolition de l'esclavage.
Le gouvernement ouvre des Ateliers nationaux pour les ouvriers sans travail à la suite de la crise économique.
Elue au suffrage universel, la Constituante siège au Palais-Bourbon à partir du 5 mai 1848. Elle élit une Commission exécutive chargée de gouverner la France. Cette commission de cinq membres compte, dans l'ordre décroissant du nombre de voix obtenues,
Arago,
Garnier-Pagès,
Marie,
Lamartine
et Ledru-Rollin. Il n'y a plus de socialistes.
Le 15 mai 1848, l'Assemblée est envahie par des manifestants menés par Barbès, Blanqui et Albert. En juin 1848, la fermeture des Ateliers nationaux déclenche des émeutes ouvrières. Au moment où sont proclamées aux Antilles et en Guyane, les abolitions de l'esclavage, la tendance est de plus en plus à une république conservatrice. Les 23, 24 et 25 juin, le général Cavaignac, ministre de la Guerre, met fin aux émeutes par une répression sanglante.
Du 24 juin au 20 décembre 1848, la France est gouvernée par Eugène Cavaignac, nommé chef de l'Exécutif. Environ 15 000 hommes sont déportés en Algérie. Des procès sont engagés contre des députés comme Louis Blanc.
Le 10 décembre 1848, le suffrage universel masculin porte Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, à la présidence de la République. Il entre en fonction le 20 décembre, le jour où le le décret d'abolition du 27 avril est enfin proclamé à la Réunion,
Louis-Napoléon Bonaparte est le premier Président de la République. C'est également le premier qui fût élu au suffrage universel (au sens masculin à cette époque). Il faut attendre 1965 pour qu'un Président de la République soit de nouveau élu au suffrage universel.
Le 2 décembre 1851, anniversaire du sacre de Napoléon 1er (2 décembre 1804) et de la bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805), le Président de la République disperse l'Assemblée. Conformément à la Constitution (art. 68 et 110), Parisiens et citadins de province et paysans lui opposent une résistance républicaine armée. Mais, ignorant la Constitution tout en obéissant aux ordres de ses chefs, l'armée refuse l'autorité légale de l'Assemblée et prend le parti du Prince-Président, réprimant dans le sang la résistance armée légale. Le 2 décembre 1852, celui-ci devient empereur sous le nom de Napoléon III, bien que le second du nom n'ait jamais régné. La défaite militaire de 1870 met fin au régime et amène l'avènement d'une Troisième République.